« [...] ce n'est qu'en ruminant qu'on s'assimile ce qu'on a lu. » - (Arthur Schopenhauer)

« L'art, c'est se retrouver dans ce que l'on voit ou ce qu'on lit ; c'est quand l'auteur ou le peintre a su formuler mieux que moi ce qui m'arrive ou ce qui m'est arrivé, lorsqu'il l'interprète d'une façon beaucoup plus intelligente que moi, ou quand, grâce à son œuvre, je perçois ma propre vie d'une manière plus fine, plus belle, que moi. » - (Krzysztof Kieślowski)

samedi 24 avril 2021

What is the people ?, de William Hazlitt : de la fragilité de la liberté individuelle.

    Le terme anglais people employé par Hazlitt dans le titre sous forme de question rhétorique est ici à comprendre au sens du mot peuple, ou plutôt des gens qui sont gouvernés, par opposition aux gouvernants. C’est là le sujet principal de cet essai politique, à savoir les rapports conflictuels, antagonistes entre gouvernants et gouvernés. Une lecture rapide et superficielle de l’essai, ou de son intitulé, pourrait laisser penser que Hazlitt se fait le champion du peuple, puisqu’il le présente de manière globalement positive, et l’essayiste anglais pourrait à ce titre être qualifié de populiste, terme à forte connotation péjorative et raccourci souvent facile pour décrédibiliser une personne donnée se prévalant des aspirations du peuple pour un programme politique donné. Nous verrons néanmoins que la vision de Hazlitt, bien que passionné dans sa défense du peuple, n’en présente pas moins d’importantes et pertinentes nuances qui, loin d’en faire un révolutionnaire exalté, un populiste au sens dépréciatif du terme, en font un analyste plus mesuré, proposant des observations et réflexions intéressantes sur la dynamique des rapports entre gouvernants et gouvernés, qui visent in fine à mettre en avant la fragilité de la liberté individuelle, et comment elle est affaiblie à la fois par les gouvernants, avides de pouvoir, et ses propres détenteurs, par manque de vigilance ou de prise de conscience de la manière dont elle est attaquée.

    Bien que l’essai prenne pour cadre son époque contemporaine et critique de manière parfois virulente la monarchie héréditaire britannique, se drapant de sa légitimité (Legitimacy), il n’en demeure pas moins que l’analyse de Hazlitt peut aisément se transposer dans tout système politique de toute époque, la nôtre incluse. Hazlitt pose d’abord pour base de sa réflexion que le pouvoir des gouvernants et la liberté des gouvernés sont des forces intrinsèquement antagonistes, dont la puissance est inversement proportionnelle : à savoir que l’augmentation de l’un se fait nécessairement au détriment de l’autre. Ainsi, le pouvoir des gouvernants augmente lorsque la liberté du peuple diminue, et vice versa.

« the cause of the people and the cause of the Government, […] are not the same but the reverse of one another. […] The interests of the one are common and equal rights : of the other, exclusive and invidious privileges. The essence of the first is to be shared alike by all, and to benefit the community in proportion as they are spread : the essence of the last is to be destroyed by communication, and to subsist only – in wrong of the people. Rights and privileges are a contradiction in terms : for if one has more than his right, others must have less » (p. 6)

« In fine, there are but two things in the world, might and right. Whenever one of these is overcome, it is by the other. » (p. 26)

  
       Partant de là, Hazlitt souligne une caractéristique des gouvernants : à savoir qu’ils ont naturellement tendance à vouloir augmenter leur pouvoir, à l’instar de Montesquieu affirmant que « Tout homme qui a le pouvoir est poussé à en abuser ». En effet, Hazlitt rappelle que le gouvernant, bien qu’il ait souvent tendance à se prévaloir de Dieu, ou bien à se présenter comme quelqu’un d’honnête, d’intelligent, supérieur par rapport aux autres, si l’on se place davantage dans notre situation contemporaine, n’en reste pas moins un homme de chair et d’os, avec des besoins et des désirs humains, l’idéal platonicien du philosophe-roi étant certes séduisant mais utopique (p. 7). Pire encore, le gouvernant est plus qu’un homme, si l’on peut dire : en effet, ses appétits, ses désirs, son avidité, de par sa position, sont accrus par rapport à la moyenne des hommes, et sa position de surcroît lui offre de multiples opportunités de satisfaire ses besoins « artificiels » (p. 7 et 8). Conséquemment, Hazlitt soutient l’idée que le gouvernant tend naturellement à abuser de son pouvoir, ne fût-ce que pour en détenir davantage pour lui-même, ou pour d’autres motifs tels que l’assouvissement de son avidité personnelle, et que cet abus de pouvoir, qui a pour corollaire donc l’appauvrissement et la privation croissante de liberté du peuple, continuera, augmentera jusqu’au moment où le peuple ne pourra plus davantage en supporter.

« The tendency in arbitrary power to encroach upon the liberties and comforts of the people, and to convert the public good into a stalking-horse to its own pride and avarice, has never (that we know) been denied by any one. » (p. 6)

« Legitimate Governments (flatter them as we will) are not another Heathen mythology. They are neither so cheap nor so splendid as the Delphin edition of Ovid’s Metamorphoses. They are indeed ‘Gods to punish’, but in other respects ‘men of our infirmity’. They do not feed on ambrosia or drink nectar ; but live on the common fruits of the earth, of which they get the largest share, and the best. […] the blood they shed is that of their subjects ; the laws they make are not against themselves ; the taxes they vote, they afterwards devour. They have the same wants that we have ; and having the option, they naturally help themselves first, out of the common stock, without thinking that others are to come after them. » (p. 7)

« They who get wealth and power from the people […] they who wallow in luxury while the people are ‘steeped in poverty to the very lips’, and bowed to the earth with unremitting labour, can have but little sympathy with those whose loss of liberty and property is their gain. What is that the wealth of thousands is composed of ? The tears, the sweat, and blood of millions. » (p. 10)

    Ce constat posé, la rhétorique employée par Hazlitt et que j’ai reprise ne devrait néanmoins pas assimiler l’essayiste à un communiste : loin de prôner la dictature du prolétariat, ce qui eût été un anachronisme puisque qu’Hazlitt a vécu et est décédé avant que Marx n’atteigne sa maturité intellectuelle, ou à appeler de ses vœux une révolution violente et sanglante, Hazlitt critique davantage et avant tout l’arrogance des gouvernants, des élites, qui sont à ses yeux les principaux responsables des troubles sociaux et politiques, davantage que les instigateurs eux-mêmes de ces troubles, quand bien même elles pourraient occasionner des violences, puisque l’origine des troubles est le résultat des mesures injustes, iniques des gouvernants. Hazlitt fait preuve d’une ironie mordante dans le passage suivant pour dénoncer l’hypocrisie des dirigeants prompts à dénoncer la violence des mouvements sociaux auxquels ils font face, en oubliant systématiquement leur responsabilité première dans leur émergence même :

« If in their uncertainty how to deal with [their sufferings], they [the people] sometimes strike random blows, if their despair makes them dangerous, why do no they, who, from their elevated situation, see so much farther and deeper into the principles and consequences of things – in their boasted wisdom prevent the causes of complaint in the people before they accumulate to a terrific height, and burst upon the heads of their oppressors. The higher classes […] might do this [curing the troubles] very effectually, by preventing the first symptoms of their disorders. » (p. 24)

« The errors of the people are the crimes of Governments. » (p. 27)

   
        La rhétorique des élites que Hazlitt dénonce pour affirmer leur légitimité (en tant qu’êtres supérieurs puisque dirigeant le pays) et dénigrer le peuple (relégué à un état infantile et irresponsable) est l’un des aspects les plus intéressants de cet essai, et peut se transposer aisément à notre situation contemporaine française. En effet, dans le cas où l’abus de pouvoir a atteint un niveau tel que le peuple ne peut que s’en révolter et exprimer bruyamment ses griefs, les gouvernants ont tendance à décrédibiliser, à minimiser l’importance, voire à nier la réalité des griefs qui lui sont exposés :

« The people are not subject to fanciful wants, speculative longings, or hypochondrical complaints. Their disorders are real, their complaints substantial and well-founded. » (p. 22)

  Hazlitt pointe à juste titre qu’au contraire, le peuple est en général passif, prêt à accepter un niveau d’injustice important jusqu’à un certain seuil, et que s’il est amené à manifester voire à se révolter, c’est que ce niveau d’injustice, et les souffrances qu’elles engendrent, a déjà atteint un seuil critique.

« The people do not rise up till they are trod down. They do not turn upon their tormentors till they are goaded to madness. They do not complain till the thumbscrews have been applied, and have been strained to the last turn. Nothing can ever wean the affections or confidence of a people from a Government […] but an excessive degree of irritation and disgust, occasioned [...] by a sudden and violent stretch of power [...]
nothing rouses the people to resistance but extreme and aggravated injustice, so nothing can make them perservere in it, or push their efforts to a successful and triumphant issue, but the most open and unequivocal determination to brave their cries and insult their misery. » (p. 25)

 
        Les minimiser, les nier est une insulte de la part des gouvernants, que Hazlitt comprend néanmoins car ces derniers tirent justement profit de cette injustice et n’en éprouvent aucune souffrance dans leur propre chair, contrairement à leurs gouvernés. Face à la colère montante à laquelle ils sont confrontés, les gouvernants ont le réflexe d’infantiliser, de décrédibiliser la parole populaire qui leur est portée : tels des enfants, ils n’auraient pas assez de jugement critique, n’auraient pas la conception du bien public, du bien général, que seuls eux-mêmes, les gouvernants, de par leur supériorité d’esprit, la complexité supposée de leur pensée, peuvent avoir. Hazlitt concède cepndant deux points aux détracteurs du peuple et de l’idée que le peuple effectivement ne puisse avoir un véritable sens de l’intérêt général :

1)   l’aspect d’abord essentiellement suiveur du peuple quant aux opinions qu’il exprime : ces dernières dans bien des cas en effet ne lui sont pas propres, et il se contente de suivre l’opinion la plus consensuelle, la plus à la mode, sans réellement l’approfondir ou y porter un jugement personnel. Hazlitt avait déjà fait une critique extrêmement virulente du « public » dans son essai Vivre à part soi (article ici), et il se montre dans le domaine artistique très critique, sceptique, sur la capacité de ce dernier à réellement appréhender et porter un jugement juste sur les chefs-d’œuvre littéraires ou plus globalement artistiques.

2)   la manipulation dont il peut par conséquent être l’objet : ce que le peuple croit parfois être l’intérêt général, profitable à lui, lui est en réalité, dans la majorité des cas, suggéré, et n’est que l’intérêt particulier de certaines classes, se faisant passer pour l’intérêt général. Hazlitt n’approfondit pas cette idée (p. 18) mais nous pouvons relier cela aux travaux de Chomsky sur La Fabrique du consentement.

Ces deux éléments en effet peuvent tromper le peuple sur ce qu’il eût été raisonnable de faire à tel ou tel moment historique : Hazlitt fait référence au fait que Jésus fut crucifié sous les acclamations du peuple, ou du soutien pour la guerre des populations à différentes périodes de l’histoire. Il n’est qu’à songer, pour nous placer de notre point de vue contemporain, à la Première Guerre Mondiale, souhaitée, voulue par le peuple français nourri des décennies durant de l’idée de revanche et de récupération de l’Alsace-Lorraine. Ou de la guerre en Irak en 2003, en majorité soutenue par le peuple américain sous de fausses informations d’une menace prétendue sérieuse que représentait Saddam Hussein. C’est la raison pour laquelle, considérant ces deux limites, Hazlitt affirme que :

« The vox populi is the vox Dei only when it springs from the individual, unbiased feelings, and unfettered, independent opinion of the people. » (p. 18)

Loin donc d’être le démagogue, le populiste qu’on eût pu croire au premier abord, Hazlitt au contraire accorde toute sa dignité au peuple si et seulement si il est constitué d’individus libres, dont les opinions sont les siennes si l’occasion lui est donnée d’avoir une éducation et une information libre. Si le peuple peut se tromper ou exprimer des idées déraisonnables, dangereuses, c’est uniquement parce qu’il est laissé dans un état d’ignorance, à l’instar d’Orlando dans la pièce de Shakespeare, Comme il vous plaira. Toutefois, il ne s’agit pas d’une éducation dans le sens où les gouvernants ont tendance à dire qu’il suffit de « faire preuve de pédagogie » pour que le peuple d’abord réticent se plie à des mesures « incontournables, indispensables », prises dans l’intérêt général par un politique qui aurait l’intelligence, la hauteur de vue dont le peuple est incapable. Cela serait une autre forme d’asservissement, dit Hazlitt, une autre forme de tyrannie qui ferait fi des griefs du peuple en le jugeant incompétent à comprendre où sont ses véritables intérêts. Au contraire, Hazlitt est un ardent critique de cette arrogance des élites, des intellectuels qui ont un tel mépris du peuple, ce dernier ayant toujours un sens plus ou moins précis du véritable intérêt général, ou du moins n’en est guère éloigné, ou dans tous les cas en est moins éloigné que le sont des élites arrogantes adoptant un ton paternaliste méprisant à son égard.

« The will of the people necessarily tends to the general good as its end ; and it must attain that end, and can only attain it, in proportion as it is guided – First, by popular feeling, as arising out of the immediate wants and wishes of the great mass of the people, - secondly, by public opinion, as arising out of the impartial reason and enlightened intellect of the community. […] In matters of feeling and common sense, of which each individual is the best judge, the majority are in the right ; in things requiring a greater strength of mind to comprehend them, the greatest power of understanding will prevail, if it has but fair play. These two, taken together, as the test of the practical measures or general principles of Government, must be right, cannot be wrong. It is an absurdity to suppose that there can be any better criterion of national grievances, or the proper remedies for them, than the aggregate amount of the actual, dear-bought experience, the honest feelings, and heeart-felt wishes of a whole people, informed and directed by the greatest power of understanding in the community, unbiassed by any sinister motive. […] for in that voice, truly collected and freely expressed (not when it is made the servile echo of a corrupt Court, or a designing Minister), we have all the sincerity and all the wisdom of the community. » (p. 13)

Un mépris difficile à supporter car elles font fi des souffrances qui lui sont exprimées à travers cette révolte du peuple, révolte qui si elle a lieu, comme je l’ai déjà dit plus haut, est déjà signe que le niveau d’injustice, d’inégalité, de pauvreté, mais surtout de souffrances du peuple au quotidien, est élevé, puisque le peuple ne se révolte spontanément que rarement et seulement dans des situations déjà critiques. Mais aussi un mépris inutilement dangereux, puisque Hazlitt, en bon psychologue des foules, rappelle que ces dernières sont enclines à pardonner, à passer à autre chose et abandonner ses griefs, pour peu qu’on leur parle avec gentillesse, que l’on prenne des mesures parfois en-déçà de leurs propres attentes, mais qui suffiraient à les satisfaire.

            Ainsi, Hazlitt est loin de tomber dans une idéalisation simpliste du peuple, comme ont tendance à le faire beaucoup de personnes politiquement engagées, à gauche comme à droite : il éprouve envers lui une sympathie générale, sans doute quelque peu distanciée si nous nous en référons à son essai Vivre à part soi, en particulier pour les souffrances qui l’amènent à se révolter, ou du moins à manifester bruyamment ses griefs au pouvoir dirigeant. Il en a surtout après l’arrogance, le dénigrement, le mépris des élites, « the insolence of office » pour citer Hamlet, envers ceux dont ils ont la responsabilité de gouverner, appuyés en cela par des intellectuels qui défendent les gouvernants au lieu du peuple, sorte d’équivalents des chiens de garde pour reprendre la formule de Serge Halimi, qui sont chargés de décrédibiliser toute parole dissonante, en particulier en la taxant de « populiste » et diverses autres appellations peu flatteuses.

« The writers on the popular side of the question are factious, designing demagogues, who delude the people to make tools of them : but the government-writers, who echo every calumny and justify every encroachment on the people, are profound philosophers and very honest men. » (p. 16)

        En sus de ce mépris, Hazlitt critique leur déconnexion vis-à-vis des souffrances quotidiennes, leur avidité, leur croyance erronée en leur intelligence supérieure, qui ne demande au peuple qu’obéissance, soumission, et non qu’il lui dise la politique, les mesures qu’eux, drapés de leur sentiment de supériorité, savent mieux prendre et dans leur intérêt, et in fine, leur incompétence et absence de remise en question.

« Loyalty, patriotism and religion, are regarded as the natural virtues and plain unerring instincts of the common people : the mixture of ignorance or prejudice is never objected to in these ; it is only their love of liberty or hatred of oppression that are discovered, by the same liberal-minded junto, to be proofs of a base and vulgar disposition. » (p. 16)

« It is the interest of Governments in general to keep the people in a state of vassalage as long as they can – to prevent the expression of their sentiments, and the exercise and improvements of their understandings, by all the means in their power. » (p. 18)

« [despite their] superior knowledge and humanity, […] if they cannot cure the State-malady, ought in decency, like other doctors, [they should] resign their authority over the patient. » (p. 22)

        Tout cela prêterait sans doute à rire si cette si profonde incompréhension des gouvernants n’avait pour conséquence la souffrance concrète de leurs gouvernés, d’individus dans leur quotidien. Mais au-delà de leur pauvreté, c’est surtout leur perte de liberté(s) qu’Hazlitt dénonce, lui qui loin d’être un populiste, est avant tout un farouche individualiste, qui se méfie instinctivement du pouvoir gouvernemental, qui par nature selon lui a des intérêts contraires à ceux de l’individu.

Cet essai est une double mise en garde pourrait-on dire : une mise en garde des élites qui, si elles persistent aveuglément dans leur mépris du peuple et leur arrogance, peuvent in fine conduire à une révolution sanglante. Hazlitt est loin d’être un communiste : au contraire, des réformes faites à-propos, avec intelligence, allégeant les souffrances concrètes du peuple, à défaut de les supprimer, suffit à gagner une certaine paix sociale, à l’instar de ce que Bismarck fit intelligemment, avec un certain machiavélisme il est vrai, avec ses lois sociales.

« This tenaciousness of power is the chief obstacle to improvement, and the cause of the revulsions which follow the attempts at it. » (p. 27)

         Mais surtout une mise en garde pour les gouvernés : qu’ils ne doivent jamais oublier que l’État a une tendance (il ne faudrait pas non plus systématiser cette idée et tomber dans le complotisme) à s’accaparer plus de pouvoir, à prendre des mesures qui vont en leur sens, et inversement vont dans le sens contraire des individus, les privant de manière croissante de leur liberté, qui est le bien le plus précieux de l’homme. S’il n’y prend pas garde, l’homme peut se voir imperceptiblement privé de plus en plus de liberté, sous couvert de l’intérêt général, et s’habituer à un tel état d’asservissement, prise dans la majeure partie des cas non de manière ouverte, mais « pour son bien ».

« While any trace of liberty is left among a people, ambitious Princes will never be easy, never at peace, never of sound mind ; nor will they ever rest or leave one stone unturned, till they have succeeded in destroying the very name of liberty, or making it into a by-word, and in rooting out the germs of every popular right liberal principle from a soil once sacred to liberty. » (p. 8 et 9)
« Kings and their Ministers generally strive to get their hands in our pockets, and their feet on our necks ; the people and their representatives will be wise enough, if they can only contrive to prevent them ; but this, it must be confessed, they do not always succeed in. For a people to be free, it is sufficient that they will to be free. But the love of liberty is less strong than the love of power ; and is guided by a less sure instinct in attaining its object. » (p. 21)
« They do not see tyranny till it is mountain high, […] till it has grown enormous, palpable, and undeniable. » (p. 24)

        Et habitué à cet état avilisant, il pourrait même considérer comme une faveur, une grande libéralité, des mesures anecdotiques desserrant quelque peu l’état de sa servitude, sans toutefois lui rendre la liberté totale à laquelle il devrait cependant toujours aspirer.

« considers any remission of its absolute claims as a gracious boon, an act of royal clemency and favour » (p. 4)

Ainsi, la véritable liberté individuelle, totale, est-elle un état fragile, sans cesse menacé, et au final éphémère, que nous devrions défendre avant qu'elle ne recule voire disparaisse, sans souvent que nous nous en rendions compte si nous n'y prenons pas garde, à l’instar de ce que dit Hazlitt :

« Liberty is short and fleeting, a transient grace that lights upon the earth by stealth and at long intervals

Like the rainbow’s lovely form,
Evanishing amid the storm ;
Or like the Borealis race,

That shift ere you can point their place ;
Or like the snow falls in the river,

A moment white, then melts for ever. [Burns, Tam O’Shanter, II, 61-6]

But power is eternal
 ; it is ‘enthroned in the hearts of King’s’ [The Merchant of Venice, IV, 1, 189]

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