« À la fin de l'année 1751, quand Amélia parut, Henry Fielding n'avait pas encore quarante-cinq ans.
Pourtant, il était déjà sérieusement malade. Il allait mourir trois ans plus
tard. Entre ses trois grands romans, Les
Aventures de Joseph Andrews, Tom
Jones et Amélia, à la fin de sa
vie, Fielding exprimait sa prédilection pour ce dernier. "De toute ma
progéniture, disait-il, Amélia est
mon petit enfant préféré..." Et, peu de temps après la première édition
anglaise, on pouvait lire dans la correspondance littéraire de Grimm et Diderot
ce jugement qui n'est pas un mince éloge : "M. Fielding est un auteur
très original, grand peintre, toujours vrai et quelquefois aussi sublime que
Molière". Amélia est un roman
d'un réalisme révolutionnaire pour l'époque, un véritable roman politique qui
met à nu les tares d'une société, nous conduit dans ses bas-fonds, parmi ses
escrocs, ses consciences à vendre et à acheter, ses prostituées et ses honnêtes
intermédiaires en tout genre, avec une hardiesse qui annonce Dickens comme
Balzac, ou Les Misérables. Amélia, c'est la gageure du roman
d'amour après le mariage des protagonistes, la tentative d'embrasser les
événements échelonnés sur une dizaine d'années, de faire vivre tout le centre
de Londres avec des mascarades, les oratorios de M. Haendel, les plaisirs du
Vauxhall ou du Ranelagh. C'est la vue nouvelle sur le monde qui est celle, par
exemple, du Neveu de Rameau, avec le
maniement de l'appareil judiciaire de l'époque, celui de l'administration, la
vie dans les prisons, dans les geôles des baillis comme à l'armée, toute
l'échelle des pourboires indispensables, la corruption générale, bref, le rôle
souverain de l'argent dans l'Angleterre d'après la révolution de 1688. Amélia a des côtés âpres, douloureux. La
satire s'y fait cruelle et impitoyable. Mais en même temps, c'est une belle
histoire d'amour, grave, tendre, bref sentimentale. » Pierre Daix Anne
Villelaur
En ouvrant Amélia, on s’attend plus ou moins à un roman dans la même veine que
Tom Jones, le roman le plus consacré
et célèbre de Fielding. À savoir une peinture des mœurs très aigüe, satirique
mais surtout et avant tout très comique.
Malgré le ton résolument léger, comique de Tom Jones, ce dernier n’en était pas
moins un des livres les plus riches dans la caractérisation des personnages, que
Fielding peint avec une justesse et précision qui n’ont pas d’égal parmi ses
successeurs anglais, même parmi Austen ou Dickens par exemple. Seule George
Eliot je pense est parvenue à rivaliser avec Fielding dans cette capacité de
caractérisation des personnages, mais l’ampleur de la première est moindre par
rapport à son illustre prédécesseur en raison de la taille de leurs livres
respectifs, à l’exception notable de Middlemarch.
Fielding attirait lui-même l’attention de son lecteur sur cette minutie dans la
peinture de caractère dont l’extrême précision pouvait échapper au lecteur
inattentif, dans cette citation de Tom Jones :
« Un autre avertissement que nous voudrions te donner, mon brave reptile, c’est de ne pas trouver une trop grande ressemblance entre certains personnages ici présentés ; comme, par exemple, entre l’hôtesse qui paraît dans le septième livre et celle du neuvième. Il faut que tu saches, ami, qu’il y a certaines caractéristiques communes à la plupart des individus de chaque profession ou occupation. Être capable de conserver ces caractéristiques et en même temps d’en diversifier les effets, c’est l’un des talents du bon écrivain. Noter la subtile distinction qui existe entre deux personnes animées du même vice ou de la même folie en est encore un autre ; et comme ce talent ne se trouve que chez très peu d’auteurs, il est aussi peu de lecteurs à savoir le discerner véritablement ; encore qu’à mon avis, les lecteurs qui sont capables d’en faire l’observation y trouvent un extrême plaisir. » (p. 561)
Voici l’un des innombrables personnages secondaires du présent roman,
décrit tout en nuances, par Fielding :
« Quoique nous eussions fait tous nos efforts pour plaire au recteur, nous vîmes bientôt qu’il était impossible d’y parvenir. Pour vous peindre rapidement ce personnage, c’était le mortel le plus grincheux qu’il y eût au monde. Quoique au fond il fût bon et très pieux, sa mauvaise humeur rendait sa compagnie si insupportable que rien ne pouvait compenser cela. Si son déjeuner n’était pas prêt à la minute, si la viande était trop cuite ou trop saignante, bref, si la moindre chose n’était pas exactement à son goût, c’en était assez pour le mettre en colère tout le reste du jour, de sorte qu’on ne le voyait presque jamais vingt-quatre heures de bonne humeur. » (p. 481)
On pourrait croire que Fielding en resterait là, mais un peu
plus loin, il montre au lecteur un autre trait de caractère d’un personnage qui
semble foncièrement antipathique au vu de la description qui vient d’en être
faite :
« […] le recteur avait prêté dix livres à mon mari pour payer ses dettes dans le village. En effet, malgré toute son irritabilité, cet homme était bon, généreux et avait tant de bonnes qualités que, quand je le connus bien, je déplorais qu’il eût aussi bien pour lui que pour moi, un tel caractère. » (p. 482-3)
Tom Jones se caractérise principalement par sa verve comique, bien
que la peinture du monde y soit déjà quelque peu âpre, désenchantée. Les héros
vertueux que sont Tom, Sophie et Allworthy, sont entourés presqu’exclusivement
de personnages plus ou moins corrompus et/ou détestables, de Blifil, le plus perfide de tous,
aux innombrables personnages secondaires qui méprisent ou abusent de nos héros,
obnubilés principalement par l’argent ou leurs préjugés sur le rang social. Impossible
évidemment de ne pas penser au Don
Quichotte de Cervantès, dont Fielding fut un grand admirateur : on
perçoit généralement le plus célèbre roman espagnol comme une parodie des
romans de chevalerie, un livre principalement comique, alors qu’il s’agit surtout
d’une dénonciation crue d’un monde qui a abandonné toute vertu, tout idéal, au
profit des petits intérêts mesquins et pécuniaires devenus la seule
préoccupation des gens, qui ridiculisent dans le même temps les rêveurs,
idéalistes de tous genres. En dehors donc de ces aspects comiques, Don Quichotte est avant tout un livre
grave, sur la solitude des porteurs d’idéal, des rêveurs, dont le combat pour
un monde plus juste, plus vertueux, est tourné en ridicule, moqué, par le monde
qui les entoure.
La même réflexion je trouve peut
être appliquée à Fielding. Ce dernier jouit principalement d’une réputation
d’auteur comique, certes satirique sur la société de son temps mais qui n’en
garderait pas moins espoir en l’homme et le monde, à l’image des happy ends qui sont de rigueur dans presque
tous les romans anglais des 18e et 19e siècles et qui donnent
parfois l’impression que ces romans se ressemblent tous plus ou moins. Dans Amélia également, le happy end est, sans surprise, au rendez-vous, mais ce qui le différencie foncièrement de Tom Jones, c’est le ton
du roman qui est, quoique conservant un certain aspect comique à de nombreux endroits, bien
plus pessimiste, désabusé sur le monde qu’il dépeint.
Fielding fut on peut le dire un Don Quichotte dans sa vie.
En sa qualité de juge, il voulait éradiquer la criminalité, le vice, qui
gangrenaient le comté dans lequel il officiait. Il voulait également, à travers
ses romans, montrer et inciter ses compatriotes à corriger les vices
innombrables dont il fut témoin sa vie durant, que son expérience de juge a
permis de voir au plus près. C’est dans ce contexte de « luttes
gigantesques » qu’il écrira Amélia.
Fielding y mettra, disent les traducteurs dans leur préface, « toute sa
foi, mais aussi une certaine amertume née du sentiment de son
impuissance ». Car, en dépit du happy
end miraculeux qui conclura le roman, c’est bien un pessimisme bien plus
prégnant que dans Tom Jones qui
caractérise Amélia, comme le disent
les traducteurs :
« Le ton a définitivement changé. Tom Jones baigne dans une atmosphère de comédie, Amélia côtoie sans cesse le drame. La comédie n’en est pas absente, mais le ton s’y faut souvent âpre et bien des scènes sont tragiques. »
Dans Le Rideau, Milan Kundera voit
l’originalité de Fielding dans les « observations inattendues, les
situations surprenantes qu’il créait ». Brossant en détail le portrait du
couple Trent et la totale marchandisation de leur propre être à laquelle ils
ont abouti, Fielding a conscience que la monstruosité du couple puisse paraître
invraisemblable, d’où la minutie avec laquelle il peint l’évolution de leur
caractère, depuis l’enfance du capitaine Trent à la marchandisation cynique de
sa femme pour entretenir son coûteux train de vie, dans une « espèce de
préface, que nous avons jugée nécessaire pour présenter une sorte de gens dont
quelques-uns de mes compatriotes et de mes lecteurs des collèges pourraient
peut-être mettre en doute l’existence » (p. 747).
Les malheurs successifs qui s’abattent sur le couple héroïque, les
manipulations/trahisons dont ils sont l’objet, donnent au final une vision du
monde très pessimiste, très désenchantée. Un personnage qui se présentera comme
l’un des meilleurs amis de Booth, et qui l’est sincèrement au début de leur
amitié, deviendra l’un de ses antagonistes les plus féroces lorsqu’il se
sentira attiré physiquement par Amélia et mettra tout en œuvre pour la
posséder, tout en continuant de feindre d’être son ami qu’il considère
désormais comme un rival à écarter, à l’image de la trahison de Protée
vis-à-vis de Valentin dans Les Deux
Gentilshommes de Vérone de Shakespeare. Voici comment Fielding explique ce
revirement avec sa compréhension minutieuse de l’homme qui le
caractérise :
« […] de toutes les passions, il n’y en a point dont nous devions nous garder davantage que de celle qu’on appelle généralement l’amour. Il n’en est point qui nous présente, surtout dans l’âge turbulent de la jeunesse, des tentations si douces, si fortes et presque irrésistibles. Aucune n’a jamais produit dans la vie privée tant de tragédies fatales et lamentables ; et, ce qu’il y a de pis, il n’en est point dont le poison gagne et affecte si aisément le cœur. L’ambition ne produit guère de maux que quand elle est logée dans un cœur cruel et sauvage. L’avarice fleurit rarement ailleurs que dans le sol le plus stérile et le plus pauvre ; au contraire, l’amour s’insinue d’ordinaire dans les cœurs les plus riches et les plus nobles ; et, si l’on n’a pas le plus grand soin d’y veiller, de l’élaguer, de le cultiver et d’en arracher les mauvaises herbes, qui ne naissent que trop souvent autour de lui, il étend ses branches en désordre comme à l’état sauvage, et, loin de produire rien de désirable, il étouffe et tue tout ce qu’il y a de bon et de noble dans le cœur où il règne en souverain. Pour finir l’allégorie, la tendresse et le bon naturel, la bravoure, la générosité et toutes les vertus en général ne sont souvent que les instruments dont on se sert pour se soumettre aux desseins les plus pernicieux de ce tyran qui subjugue tout. » (p. 400-1)
D’autres personnages, plus
secondaires, feindront de même d’être les amis du couple pour mieux les
tromper. Mis à part le modeste Atkinson, frère de lait d’Amélia puis domestique
de Booth avant de devenir sergent, et le docteur Harrison, sorte d’équivalent
du Allworthy de Tom Jones, tous les autres
personnages sont, à un degré plus ou moindre, corrompus. Une corruption telle
que, devant les malheurs innombrables qui s’abattent sur eux, les héros,
parfois, sont tentés de se laisser gagner par le désespoir :
« Toute ma philosophie est à bout quand je songe que mes enfants vont avoir affaire à un monde cruel, dur et insensible, et devoir lutter contre les vagues de la fortune qui ont submergé leur père… »« Ô mes enfants ! mes chers enfants ! Pardonnez-moi, mes pauvres petits. Pardonnez-moi de vous avoir mis dans un monde tel que celui-ci. Vous êtes perdus… mes enfants, perdus… »
Tout Amélia baigne dans l’incertitude née de la cruauté du monde couplée
au changement potentiel de l’homme, même vertueux à l’origine, qui peut à tout
instant se laisser dominer par ses passions ou se laisser transformer par
l'espérance ou le gain d'une richesse soudaine. Booth lui-même, dans un moment d’abandon, trahit sa
femme qu’il idolâtre tant, et aura une liaison avec Miss Matthews, qu’il
regrettera cependant rapidement par la suite. Son penchant pour le jeu, qu’il
tente de réfréner, aura également de graves conséquences pour son foyer,
l’amenant au bord de la misère. Amélia, en apprenant cette infidélité, se
mettra à douter, le temps d’un instant, d’un mari qu’elle croyait alors
irréprochable. De même, le couple Booth doutera un moment du docteur d’Harrison
lorsqu’il apprend que ce dernier a fait arrêter Booth sur un malentendu semblable
à l’expulsion de Tom Jones par Allworthy.
L’argent surtout est au cœur de
la corruption des caractères humains, et Fielding nous donne une telle profusion d’exemples que
l’effet créé sur le lecteur est un profond pessimisme, cynisme vis-à-vis des
relations humaines : l’accaparement frauduleux d’un testament par la sœur
d’Amélia, un père retourné contre sa propre fille par sa seconde épouse
malveillante (l’histoire du père de Mrs Bennet), Mr Bennet floué par les
filles de son protecteur décédé, « l’ami » d’Harrison qui abuse de sa
générosité, Mrs James qui se montre distante envers Amélia depuis son riche mariage
etc. Fielding nous fait le portrait profondément désenchanté d’une société
accaparée par l’argent, son intérêt personnel, l’assouvissement de ses passions,
où la vertu et le mérite personnel sont raillés et ignorés, où les vertueux
sont escroqués, maltraités sans ménagement.
L’envie, la haine de ce qui est supérieur, vices que
Fielding met en lumière avec crudité, achève de brosser un portrait sans
concession d’une humanité mesquine, envieuse, jalouse des succès d’autrui, prête
à tout moment à commettre des actes de cruauté. C’est l’exemple de la tante de Mrs Bennet, une femme qui faute de
beauté, tente de tirer vanité de son savoir, qui est toutefois creux,
superficiel, et bien inférieur à celui de sa nièce, ce qui attisera sa haine
envers cette dernière après son mariage :
« Le premier chagrin qui nous échut après notre mariage nous vint de ma tante. Il était fort désagréable pour nous de vivre sous le nez d’une si proche parente, qui, loin de se reconnaître pour telle, nous jouait au contraire tous les mauvais tours qu’elle pouvait. Elle forma un parti contre nous dans la paroisse, ce qui est toujours assez facile, parmi les gens du commun, contre des gens qui leur sont en même temps supérieurs par le rang et inférieurs par la fortune. » (p. 480-481)
L’achat d’un carrosse, de même, eut des
conséquences désastreuses pour Booth, attisant l’envie et la jalousie de son
voisinage et amenant sa ruine complète :
« L’achat de ce vieux carrosse a eu des suites inimaginables. Auparavant, ma femme et moi, nous ne nous étions guère distingués des autres fermiers et de leurs femmes, ni par l’habillement, ni par nos façons de vivre. Ils nous traitaient comme leurs égaux. Mais alors ils commencèrent à nous prendre pour des gens qui voulaient s’élever au-dessus d’eux et se mirent à nous envier, à nous haïr et à nous déclarer la guerre. Les petits gentilshommes du voisinage prirent ombrage de voir un pauvre fermier devenir leur égal dans les choses où ils placent toute leur dignité. Ne doutant pas que je l’eusse fait, moi aussi, par ostentation, ils commencèrent à me haïr et à se moquer de mon équipage […] nous ne fîmes que rire pendant longtemps [de ces commérages], Amélia et moi, mais à la fin, nous ressentîmes les effets pernicieux de l’envie, laquelle conduit plutôt à des événements tragiques que comiques. Mes voisins se liguèrent alors contre moi […] Tout ce que j’achetais, il me fallait le payer plus cher. Et ce que je vendais, j’étais obligé de le donner à meilleur marché que les autres. Bref, ils s’étaient donné le mot et, tandis que tous les jours ils se livraient impunément sur mes terres à une violation de propriété, si par hasard quelques-uns de mes bestiaux s’échappaient dans leurs champs, j’étais aussitôt forcé de soutenir un procès contre eux ou de leur payer le dommage au quadruple. […] tout cela ne pouvait se terminer que par ma ruine complète […] je me trouvai au bout de quatre ans endetté de près de trois cent livres sterling […] afin d’éviter la prison, je fus forcé de quitter le pays avec tout ce que j’ai de plus cher au monde, ma femme et ma pauvre petite famille. » (p. 269-271)
Fielding
maîtrise à la perfection son récit, du début jusqu’à la fin. Outre le caractère
très oral de son récit, dans laquelle un personnage raconte son passé à un
autre, à la manière de Cervantès, Fielding n’hésite pas dans la partie
narrative à revenir en arrière pour expliquer un événement étrange survenant dans la vie
des personnages. Il use souvent de ce procédé dans laquelle une situation
incongrue se déroule devant le lecteur, avant de l’expliquer en détail par un
retour en arrière expliquant l’événement étrange en question. C’est ce que
Fielding dit dans la conclusion d’un des nombreux chapitres servant à expliquer
minutieusement les motivations des personnages et la suite des événements
antérieurs ayant conduit à la situation étrange rencontrée au chapitre
précédent :
« Voilà pour les différents événements dont nous avons cru qu’il était nécessaire que le lecteur fût informé ; car, outre qu’ils contribuent beaucoup à donner une parfaite intelligence de toute l’histoire, il n’y a point d’exercice de l’esprit qui soit plus agréable à tout lecteur intelligent que de suivre les petits chaînons presque imperceptibles de chaque chaîne des événements qui produisent toutes les grandes actions de la vie. Nous allons donc poursuivre notre histoire au chapitre suivant. » (p. 786)
Si l’on
excepte donc le happy end qui semble
beaucoup trop forcé à mon goût, voilà un roman quasi parfait, l’un des meilleurs
que j’aie lus cette année. Le charme de Fielding repose sur cette profusion de
détails que l’auteur, en fin analyste de l’homme, nous sert avec générosité 800
pages durant. Comme le dit Kundera, Fielding nous dévoile, par cette peinture
des mœurs très approfondie, des aspects nouveaux de l’existence, et c’est en
cela que constitue son principal mérite. Pour ne rien gâcher, cela nous est
servi dans un style très clair, l’un des plus aisés qu'il soit donné de lire, qui n’exclue pas la
profondeur du propos. Le comique est certes toujours présent, mais bien moins
que dans Tom Jones. La satire se fait
plus virulente, le monde dépeint est bien plus sombre que dans son précédent roman.
Les héros s’en sortent certes, mais l’on peine à voir dans leur fin heureuse un
motif d’espoir dans un monde où la vertu morale, les gens de bien sont sans cesse
piétinés, exploités par une population en majorité égoïste, obnubilée par leur argent
ou leurs pulsions.