« [...] ce n'est qu'en ruminant qu'on s'assimile ce qu'on a lu. » - (Arthur Schopenhauer)

« L'art, c'est se retrouver dans ce que l'on voit ou ce qu'on lit ; c'est quand l'auteur ou le peintre a su formuler mieux que moi ce qui m'arrive ou ce qui m'est arrivé, lorsqu'il l'interprète d'une façon beaucoup plus intelligente que moi, ou quand, grâce à son œuvre, je perçois ma propre vie d'une manière plus fine, plus belle, que moi. » - (Krzysztof Kieślowski)

lundi 6 juillet 2020

Guide des personnages principaux dans Le Dit du Genji : de l’impermanence des êtres.

        La principale originalité du Dit du Genji, et qui en fait concomitamment la principale difficulté, réside dans le fait qu’aucun de ses personnages (à de très rares exceptions près, telles la Dame Murasaki, encore que, bien sûr, elle soit affublée d’innombrables autres surnoms) n’est désigné sous un nom propre. Ce sont leurs titres (Commandant Chef du Secrétariat, Dame Régente du Service, Conseiller Inspecteur des Marches, Moyen Conseiller Surnuméraire, Princesse Troisième, Princesse Douairière etc.), leurs lieux de résidence (la dame du Clos aux Glycines, la dame de l’aile occidentale, le sire de la Sixième Avenue…), voire les associations poétiques faites (ainsi Murasaki se réfère à la fleur violette connue sous le nom de « grémil ») qui permettent de se référer à tel ou tel personnage. Sans compter bien sûr, ce qui accroît encore plus la difficulté, que l’auteur se contente parfois de désigner sous la vague appellation de Princesse, Ministre, Secrétaire, « la dame », des personnages qui partagent pourtant ce titre avec d’autres (les Princesses sont innombrables entre la Princesse Cinquième, Troisième, mère, Douairière etc.), ce qui à titre personnel m’a donné de nombreux casse-têtes, et des pauses fréquentes dans ma lecture, nécessitant de multiples relectures en arrière pour comprendre de qui il était question, sans quoi le roman eût pu rapidement devenir incompréhensible…

À juste titre pourrait-on s’interroger sur ce choix très particulier de l’auteure, qui peut constituer un véritable obstacle au lecteur non-averti qui se lancerait de but en blanc dans la lecture du Genji. René Sieffert, le traducteur du roman, en donne l’explication dans son introduction, qu’il est vivement conseillé de lire pour mieux s’immerger dans l’univers du livre. Si le roman demande au lecteur une attention inusitée par ce choix de nommer ses personnages ainsi, c’est pour illustrer le concept d’impermanence, auquel les personnages dans leurs pensées y reviennent de manière récurrente, concept bouddhiste qui se caractérise par un sentiment aigu du caractère éphémère des choses et des êtres, et que les personnages éprouvent en particulier suite au décès d’un proche et/ou d’un changement de situation inattendu (principalement la déchéance sociale). Sieffert fait une analogie intéressante dans son introduction pour justifier ce choix de l’auteur, qu’il a décidé de respecter à la lettre, contrairement à nombre de traducteurs en langue anglaise comme Arthur Waley ou Edward Seidensticker, en citant Kamo no Chômei dans ses « Notes de l’ermitage » :

Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissipe, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde.
Les générations se suivent, en effet, et s’affublent des mêmes titres et des mêmes oripeaux, semblables et interchangeables sans être jamais identiques, à l’image des gouttes d’eau anonymes qui forment le fleuve. (p. 32-33)

Et pour corser le tout, les personnages non seulement changent de titre, de résidence, mais ces derniers sont de surcroît repris par d’autres personnages, avec qui il faut soigneusement ne pas les confondre ! Par exemple, Genji et son rival, connu sous le nom de To no Chujo (un nom qui n’apparaît jamais dans le roman !) montent en grade tout au long du roman, à ceci près que Genji se trouve un rang au-dessus de son rival, et qu’au fil des promotions, To no Chujo reprend les titres de son rival, et il faut donc soigneusement ne pas confondre ces deux personnages au fur et à mesure qu’ils s’approprient des rangs de plus en plus prestigieux !

Cette particularité du roman, loin d’être un simple artifice, participe de la logique du roman et renforce cet aspect transitoire des êtres, voués à disparaître et à être remplacés par d’autres, que ne cesse de souligner le concept d’impermanence. Pour éviter de vous perdre comme j’ai failli l’être moi-même à plusieurs reprises, ainsi que pour m’aider moi-même pour une éventuelle relecture, cet article se propose de lister les principaux personnages du roman, et de détailler, sans révéler trop de détails (pour ne pas gâcher le plaisir de lecture), les relations qu’entretiennent entre eux les personnages, ainsi que les principaux surnoms dont ils se trouvent affublés et par lesquels ils sont fréquemment désignés. Bien sûr, rien n’empêche que vous preniez des notes de votre côté, ce que je ne saurais que trop vivement vous conseiller !

N-B : dans la liste ci-dessous, loin d’être exhaustive (il y a une myriade de personnages secondaires non répertoriés, et la plupart de ceux intervenant dans la partie dite d’Uji (les 10 derniers chapitres du roman) ne sont pas indiqués), j’ai mis entre crochets les noms des personnages, qui sont souvent liés à leur surnom dans leur version japonaise, et qui donnent leurs titres à la plupart des chapitres du roman. À quelques exceptions près (Korémitsu, Murasaki), ces noms n’apparaissent pas dans le roman, je les donne à titre indicatif pour faciliter leur désignation.


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2 croquis, trouvés sur Wikipédia français, sont particulièrement utiles pour les quarante premiers « livres » du roman :

1/ Arbre généalogique des principaux personnages du Genji



2/ Tableau des femmes du Genji à la résidence de la Sixième Avenue (ou résidence du Rokujo).

Aile nord-ouest
                       L'hiver. Dame d'Akashi.
Aile nord-est
L'été. Dame du « Séjour où fleurs au vent se dispersent »
Aile sud-ouest
L'Automne. L'Impératrice [avec l’Empereur du Reizei], fille de la Dame de la Sixième Avenue [aussi connue sous le nom de l’ancienne Prêtresse d’Isé]
Aile sud-est
Le printemps. Dame de céans [Murasaki, car elle est l’épouse favorite de Genji], là où réside le plus souvent le Genji.




Le personnage principal, Genji
Genji n’est pas à proprement parler le nom du héros-éponyme : il s’agit d’une « appellation honorifique accordée à un fils ou une fille d’empereur à qui est refusée la qualité de prince du sang, qui seule permet éventuellement de prétendre la succession au trône » (Sieffert, Introduction, p. 21). Bien que Sieffert précise aussi que l’appellation Genji exclut toute association avec le titre de Prince, d’où l’appellation incorrecte de « Prince Genji », le Genji est toutefois étrangement, à de nombreuses reprises, référé sous le vague titre de « Prince ».
Il est le fils du Premier Empereur du roman et de la Dame du Clos aux Paulownias de l’époque, fleurs violettes connues sous le nom de Kiritsubo.
Il est surnommé « Le Radieux » du fait de son exceptionnelle beauté, qui fera de lui le fils préféré de son père, et, bien sûr, lui permettra de faire pléthore de conquêtes féminines. Un motif récurrent est que sa beauté est telle que tous, hommes et femmes confondus, sont saisis par celle-ci : les femmes, à de rares exceptions près, succomberont tous à son charme, alors que les hommes souhaitent que leurs filles/sœurs s’éprennent de lui et qu’il les prenne sous son aile (en particulier l’ermite d’Akashi). De plus, sa beauté a aussi le pouvoir particulier, chez les personnages âgés, de leur faire oublier leur vieillesse et de leur donner la sensation que leur vie sera prolongée de par sa simple vue. Bien que son comportement puisse à de nombreuses reprises paraître détestable (son incessant harcèlement des femmes qui lui résistent), le Genji se révèle un homme bon, qui n’oublie aucune des femmes avec qui il a été en relation intime, et dont il s’efforcera de prendre soin jusqu’à la fin de sa vie, ce qui le différencie d’un Don Juan délaissant ses maîtresses sitôt qu’il les a conquises.

Titres, surnoms, lieux :
- Genji, « sire le Radieux ».
- Promu au 3e Rang (206)
- Grand Conseiller Surnuméraire (371)
- Ministre du Dedans (375)
- Grand Ministre (494)
- Le Sire de la Sixième Avenue
- Empereur Exalté (714), à 40 ans
- Monseigneur
- Retraite Saga, durant 2-3 ans, à la fin de sa vie (1199)



Les parents et proches du Genji (hors amantes)


Impératrice [Kiritsubo] = mère du Genji.
Son ascension fulgurante, allant jusqu’à obtenir le titre d’Impératrice, exaspérera l’épouse de longue date de l’Empereur (la dame du Kokiden ou Princesse Douairière). Cette dernière, jalouse et envieuse, lui rendra la vie impossible à la Cour par les racontars, médisances qui la rendront malade et entraîneront rapidement sa mort, dès le livre 1. Elle laisse une mère inconsolable qui mourra rapidement à son tour.

Titres, surnoms, lieux  :
- Dame du Clos aux Paulownias (Kiritsubo)
- Dame de la Chambre
- Octroi posthume Troisième Rang de Cour (51)

Relations :
- père Grand Conseiller décédé, mère qui en était l’épouse principale, de bon lignage, mais qui n’avait pas de protecteur influent => d’où la faiblesse de la position de sa fille à la Cour face à la dame du Kokiden.
- un frère, le Maître de Discipline, vivant dans un couvent (286)

L’arbre connu sous le nom de Paulownia. Surnommé aussi Arbre Impérial en botanique, ce qui lui sied particulièrement bien.


L’Empereur [Kiritsubo] = père du Genji.
Genji est son fils préféré, mais sachant qu’il ne bénéfice pas de soutiens aussi importants que son fils Prince Héritier (futur Empereur de Suzaku) du fait de l’entourage de sa mère, il préfère lui donner le titre de Genji pour le protéger. Cela s’avérera un choix prudent et judicieux puisqu’à sa mort, le Genji subira une disgrâce qui entraînera son exil, mais qui eût pu être pire s’il avait accédé à un rang supérieur.

Titres, surnoms, lieux  :
- l’Empereur
- l’Empereur Retiré, lorsqu’il abdique au profit de son fils Suzaku.

Relations :
- d’innombrables fils : Genji, Suzaku, le deuxième Prince Directeur aux Affaires Militaires, le Prince Huitième (dans les dix derniers livres du roman)…
- Kiritsubo, sa concubine préférée jusqu’à sa mort prématurée, avec qui il aura comme fils le Genji.
- Fujitsubo (voir section Femmes du Genji) : sa nouvelle concubine préférée à la mort de Kiritsubo, qui a une ressemblance physique troublante avec la défunte. Il aura un fils avec elle, le futur Empereur Reizei.
- dame ou Impératrice du Kokiden : aussi appelée l’Épouse impériale, la Princesse Douairière, mère de Suzaku : elle bénéficie d’un puissant entourage en tant que fille du Ministre de la Droite, et en profite pour faire souffrir ses rivales auprès de l’Empereur. Elle poursuivra de sa haine jalouse le Genji, et provoquera son exil. Elle déménage par la suite au Clos au Prunier (278).


Empereur [Suzaku] = Demi-frère du Genji.
C’est un homme accompli dans les arts et d’une grande beauté, mais moindre toujours par rapport au Genji. Influencé par sa mère, et bien que contre sa volonté, il consent à l’exil du Genji. Mais un mystérieux mal commence à le ronger, ainsi que sa mère, durant l’exil prolongé du Genji, qu’il attribue à une vengeance posthume de son père, dont la volonté bienveillante envers le Genji n’a pas été respectée. Il décide d’abdiquer au profit de l’empereur Reizei. Il reviendra dans l’intrigue avant de se faire moine, inquiet vis-à-vis de sa fille préférée, la Princesse Troisième (section Femmes du Genji)

Titres, surnoms, lieux :
- Suzaku = lieu où vivent les Empereurs qui ont abdiqué.
- Prince Héritier, puis Empereur, puis Empereur Retiré, Empereur Religieux (suite à sa conversion religieuse)

Relations :
- Épouse Impériale : la Dame Régente du Service Intérieur, avec qui Genji aura une relation, et qu’il continuera malgré tout à aimer.
- un fils, le Prince Quart, qu’il a eu avec la Dame du Shôkyôden, fille du Ministre de la Droite (364) et qui deviendra le 4e et dernier Empereur du livre (206). La mère se montrera peu concernée par la Princesse Troisième (724), contrairement à son fils (809)
- 4 filles en tout, dont la Princesse Troisième.


2 autres frères du Genji.
- un frère qui devient Prince Directeur aux Affaires Militaires (à ne pas confondre puisqu’ils seront nombreux à porter ce titre) : il est semble-t-il très proche du Genji depuis leur enfance.
Fait la cour à la dame de l’aile occidentale, par l’intermédiaire de lettres (Tamakazura) (572)
Frère cadet du Genji, « rien d’extraordinaire par l’apparence, mais manières gracieuses, paraît plus âgé » (587)
Arbitre au concours de parfums (687)

- Prince Huitième, ou prince d’Uji : il n’est mentionné que dans la partie dite d’Uji, après la mort du Genji.
Le destin de ses trois filles constituera l’enjeu principal de la fin du roman.
Son père est feu Empereur Retiré, sa mère une Épouse Impériale (1057), et il a hérité des biens d’un aïeul Ministre.
Une femme morte, fille de Ministre (1054)


Korémitsu no Ason = serviteur du Genji.
Fidèle serviteur du Genji, en particulier pour ses escapades amoureuses, et en tant que messager. L’un des rares à être constamment mentionné via son nom.

Titres, surnoms, lieux :
- Promu Directeur Adjoint (331)
- Gouverneur de Tsu et Préfet de la Ville Gauche (509)

Relations :
- frère aîné = l’Abbé ; un beau-frère = le Gouverneur de Mikawa (111)
- fils aîné : un serviteur de Yugiri, qui joue avec réticence les entremetteurs (512) pour ce dernier qui convoite sa sœur. Mentionné en tant qu’officier de la Garde Militaire (689)
- une fille de Korémitsu, convoitée par Yugiri (510). Demoiselle du Goséchi, la danseuse. Son père ambitionne qu’elle devienne Régente en Second du Service Intérieur (512) Elle deviendra la maîtresse de Yugiri avec qui elle aura de nombreux enfants.
- femme de Korémitsu : est encline à donner sa fille à Yugiri, en se basant sur les qualités du Genji, son père (513)


[To no Chujo] = l’ami et rival du Genji.
             Il est aussi le beau-frère du Genji, Aoi étant la sœur de To no Chujo. Très complices dans leur jeunesse, en particulier au début du livre 2, où To no Chujo raconte notamment son aventure avec Yugao, ils se retrouvent régulièrement pour prendre part aux diverses festivités organisées dans la Cour, où tous deux excellent, dans la danse mais surtout dans la musique. Progressivement, les amis s’éloigneront l’un de l’autre, sans toutefois qu’une hostilité ou haine s’instaure entre les deux. Ils rivalisent notamment dans la conquête des femmes, notamment sur Suétsumu-hana, ou Gen no Niashi, où leur poursuite de ces deux femmes prennent des proportions plutôt comiques, mais le Genji aura toujours l’avantage de par sa beauté surhumaine. Leurs désaccords les plus importants surviendront à l’occasion de placer leurs protégées auprès de l’Empereur Reizei, puis à propos du mariage de Yugiri, fils de Genji, avec la demoiselle fille de To no Chujo, que ce dernier désapprouve au vu du rang trop modeste que Yugiri occupe alors. Ils se réconcilieront néanmoins dans leur vieillesse, rapprochés par leurs malheurs respectifs. To no Chujo montre un caractère plutôt sec, ambitieux (au point de blesser ses proches, en particulier sa mère), et sérieux qui tranche avec l’insouciance qui le caractérise dans sa jeunesse et avec celui du Genji, qui bien volontiers délègue ses responsabilités à son ami pour avoir davantage de temps libre à sa disposition.

Titres, surnoms, lieux  :
- Secrétaire et Capitaine de la Garde.
- Commandant Chef du Secrétariat.
- Commandant du Troisième Rang, écarté des promotions (298) au moment exil du Genji.
- Moyen Conseiller Surnuméraire (376)
- Grand Conseiller et Général de la Droite (465)
- Ministre du Dedans (494) + direction des affaires de l’Empire.
- Grand Ministre (717)

Relations :
- père = [Sadaijin], le Ministre de la Gauche.
- mère = [Ōmiya] Princesse Mère.
- frère d’Aoi, la femme du Genji.
- sa femme : quatrième fille du Ministre de la Droite (298).
- Une de ses filles est la nouvelle dame du Kokiden, Épouse Impériale (494) de l’Empereur Reizei. Elle a donné naissance à une Princesse (1005) avec l’Empereur Retiré Reizei (1008), qui sera convoitée par Kaoru et Niou (1008).
- servante : dame Taïfu, qui méprise Yugiri (714)
- 3e fille = jeune personne de l’aile du nord, septentrionale. (603, 604, 609). Méprisée par les domestiques par son langage familier et rustique. Elle est cruellement moquée par To no Chujo qui lui demande d’écrire un poème pour appuyer ses prétentions à devenir Dame Régente du Service Intérieur (646).
- fils aîné : Kashiwagi (voir Princesse Troisième)
- deuxième fils : chante La Haute Dune (299, 376). Caractère paternel (879) => futur Grand Conseiller Inspecteur des Marches, marié à « pilier de cèdre ».
                Relations :
                - deux filles d’une défunte épouse (1012)
*aînée = 17-18 ans, donnée au Prince Héritier. À l’aile sud, puis au Palais, avec sa mère.
* cadette = aile occidentale. Son père la destine à Niou, via une lettre avec prunier rouge, mais il a en vue une autre femme => elle ne veut donc pas d’une union avec en constatant son inconstance. Associée au prunier rouge.
- une belle-fille = fille de « pilier de cèdre » avec feu Prince Directeur aux Affaires Militaires  = timide, luth, aile orientale. Il ne l’a jamais vue, ce qui suscite son agacement par cet excès de protection.
- un fils, jeune seigneur, page. Ami avec Niou. Précédemment le préféré du Prince Héritier, mais ennui avec.
- la demoiselle = fille de To no Chujo avec l’épouse d’u Grand Conseiller Inspecteur des Marches. A grandi avec Yugiri jusque ses 10 ans. Associée à l’image de l’oie sauvage (503). A 14 ans à son apparition (chap. 21). Référée comme la Dame de la Troisième Avenue, où elle vit avec Yugiri après leur mariage.
- fils mentionnés lors de la partie de balle-au-pied (788)
*Référendaire Chef du Secrétariat
*Lieutenant de la Garde Militaire
*Sire du Cinquième Rang


[Yugiri] = le fils du Genji et Aoi.
            Il sera élevé sévèrement par Genji (qui en a eu l’idée par sa belle-mère, Ōmiya), qui ne veut pas lui donner une ascension trop aisée et rapide, en lui faisant étudier durement des années durant, et lui faisant commencer sa carrière dans la Cour aux rangs les plus modestes : il en aura quelque ressentiment dans ses rapports avec autrui, et en tirera aussi une mine sérieuse, plus austère, par rapport à son père. Rapidement, il se lie avec un nombre toujours croissant de femmes, et aura au total 12 enfants (970). 

Titres, surnoms, lieux  :
- le jeune seigneur (310)
- sire le Page
- au Sixième Rang, porte les habits verts (510), dont il est régulièrement complexé.
- Sire l’étudiant, le Chambellan (519)
- Sire Commandant (548) 
- Commandant Conseiller (647)
- Moyen Conseiller (714) et emménage à la Troisième Avenue (715), alors qu’il habitait jusque là la demeure d’été à la Sixième Avenue (avec « fleurs au vent qui se dispersent »), lorsqu’il se marie avec une fille de To no Chujo.
- devient Sire Général de la Droite (767)
- Grand Conseiller à la Gauche (801)
- devenu Ministre de la Droite (chap. 42), sans que la promotion soit explicite.
- devient Ministre de la Gauche (1050), à la mort de l’ancien Ministre de la Gauche.

Relations :
- marié avec une fille de To no Chujo, la demoiselle, avec qui il est attaché depuis l’enfance, mais qu’il trouve rapidement ennuyeuse cependant une fois l’union faite.
- [Yugiri] = le fils du Genji avec Aoi. Associé au « brouillard du soir » (livre 39), qui eut lieu lors de ses rendez-vous insistants auprès de la Princesse Seconde, la femme de Kashiwagi.
- Le meilleur ami de Kashiwagi, le Capitaine des Gardes des Portes.
- a de multiples enfants (3 fils, mentionnés p. 810) avec Tamakaruza (809), qu’il confie souvent à « fleurs au vent qui se dispersent ».
- un fils de Yugiri, Capitaine Secrétaire (1023), qui convoite l’aînée de Tamakuzara (1036). Promu Commandant du Troisième Rang (1049), puis Conseiller (1050). Il a 27-28 ans à son apparition.
- fille aînée est la favorite du Prince Héritier (1003)
- Demoiselle Sixième, sa fille avec Tamakazura. Confiée à la Princesse de la Première Avenue (= Princesse Seconde, femme de Kashiwagi). Mariée à Niou, le nouveau Prince Directeur aux Affaires Militaires (1202). La négligence de ce dernier envers sa femme causera l’irritation fréquente de Yugiri.
- nourrice = dame Saïshô (312). Elle le défend vigoureusement sur sa valeur contre ceux moquant son rang inférieur, dans sa jeunesse (506-507). Elle gardera une grande rancune envers To no Chujo qui s’est longtemps opposé à son mariage avec sa fille (716).



Les femmes/amantes du Genji (+ leurs proches) 

N-B : quelques-unes parmi celles de cette liste résisteront toutefois jusqu’au bout aux avances insistantes du Genji.


[Fujitsubo] : la Dame du Clos aux Glycines.
Belle-mère du Genji présentant une ressemblance frappante avec la mère du Genji, la Dame du Clos aux Paulownias.
C’est pourquoi elle devient rapidement la compagne favorite de l’Empereur, père du Genji : elle est donc la belle-mère de ce dernier. Genji s’en éprend en entendant dire qu’elle ressemble à sa mère…
Elle sera rongée par le remords et la culpabilité pour une faute grave qu’elle aura commise (164, 460, 486), dont elle meurt à 37 ans environ.
Malgré tout, garde un grand goût pour la peinture, prenant part en juge au concours, au point d’oublier dévotions (424-425).

Titres, surnoms, lieux  :
- Promue Impératrice par son mari (223) à 20 ans, qui veut lui assurer une position inébranlable, et pour renforcer celle du Genji, face à l’Impératrice du Kokiden.
- Habite de nouveau la résidence de la Troisième Avenue (277) après la mort de son mari.
- devenue nonne, est souvent désignée par l’épithète « Religieuse » jusqu’à sa mort.

Relations :
- c’est la Princesse Quatrième, fille de l’Empereur précédent et de sa mère la Douairière, qui fut Épouse Impériale (162)
- a un fils avec son mari, le futur Empereur de Reizei. Il a 11 ans lorsqu’il devient Empereur (375), abdiquera sans héritier (801) Prend pour concubine la fille aînée de Tamakazura, pour qui il nourrit une continuelle obsession, cette dernière l’évitant soigneusement sachant cela. Avec cette fille, sont nés une Princesse puis un Prince (chap. 44)
- oncle = le Maître des Moines de Yokawa, qui lui coupe la chevelure pour qu’elle devienne nonne (294)
- frère aîné, Prince Directeur aux Affaires Militaires. A une épouse très jalouse, qui cause la mort de la mère de Murasaki, mais qui se repent en voulant accueillir l’enfant (180). Fujitsubo est donc la tante de Murasaki, d’où leur ressemblance physique.
Titres, surnoms, lieux  :
Devient Prince Directeur aux Rites (494)
50 ans (519) : certaine rancune du Genji envers lui, car il a renié ce dernier lors son exil, bien qu’il l’honore par amour pour Murasaki (672)
Habite la Huitième Avenue.
Relations :
- frère de Fujitsubo, père de Murasaki.
- a une autre fille, mariée au Général de la Droite, qui la quittera pour Tamakazura.

La glycine, associée à Fujitsubo (du japonais Fuji).


Aoi
Épouse officielle du Genji : elle n’a que 16 ans lors de son mariage arrangé avec lui, alors âgé de 12 ans. C’est un procédé semble-t-il courant pour un homme de prendre une femme plus âgée que lui pour le faire apparaître plus mature et lui assurer une certaine protection, la même situation se présentant plus tard pour l’empereur Reizei. Son mariage avec le Genji n’est pas heureux.

Relations :
- ses parents sont le Ministre de la Gauche [Sadaijin] et la Princesse mère [Ōmiya], qui est la sœur de l’Empereur Kiritsubo. Ce qui fait qu’Aoi est la cousine du Genji. Elle est leur seule fille.
- son frère est To no Chujo, le rival de Genji.
- avec Genji, elle aura un fils : Yugiri.


[Asagao] = Belle-du-matin.
                Elle est subrepticement mentionnée dès le livre 2, comme étant la femme à qui Genji adresse un poème et qu’il tente de séduire (90), poème accompagné de fleurs nommées « belles-du-matin ».
Elle ne cède jamais aux avances du Genji, ce qui le tourmente, et l’incite à lui envoyer continuellement des lettres et poèmes pour tenter de l’infléchir (238)
Elle a une conscience aigüe de l’inconstance de l’homme, et craignant pour sa réputation, ne cèdera jamais à Genji, bien qu’elle soit apparemment amoureuse de lui, concevant progressivement une aversion pour le monde (livre 20).
Mentionnée pour la dernière fois, lorsque Genji reçoit une lettre avec un rameau de prunier défleuri (687).

Titres, surnoms, lieux  :
- devient la prêtresse de Kamo, les lettres du Genji continuent via Chûjô (279). À la mort de son père (464), elle renonce à être prêtresse et se retire.

Relations :
- c’est la fille du premier Prince Directeur aux Rites, qui est favorable à une relation avec Genji, bien que sa fille ne le soit pas, estimant une éventuelle relation humiliante pour elle.
- nièce de la Princesse Cinquième (488), que Genji prétend visiter alors qu’il continue de tenter de séduire Asagao…
- ses femmes de compagnie sont aussi favorables à Genji.
- ses frères, car ils n’ont pas la même mère, ne se préoccupent pas d’elle.


Des belles-du-matin, ou Asagao.


[Dame du Rokujo] : la Dame de la Sixième Avenue.
            Sa première mention est très confuse : elle semble être une maîtresse déjà de longue date du Genji, sans que l’on sache exactement comment leur relation a débuté. Certaines théories avancent l’idée qu’un chapitre est peut-être manquant pour comprendre son apparition soudaine (c’est à elle que se réfère le début du livre 4, faisant état que « discrètement, [Genji] fréquentait les alentours de la Sixième Avenue), sans contextualisation, dans le roman. Un célèbre épisode du roman la voit impliquée dans un incident de chars avec Aoi, la femme du Genji.
Elle jouera un rôle très important dans le roman, de manière inattendue pour le lecteur non-averti, que je laisserai à chacun de découvrir par lui-même.

Titres, surnoms, lieux  :
- la Dame de la Sixième Avenue.
- aussi La Dame de la Chambre.

Relations :
- a un père Ministre. Fut mariée à 16 ans à un Prince Héritier, décédé lorsqu’elle avait 20 ans. À 30 ans, elle fait son retour au Palais.
- Sa fille est la prêtresse d’Isé, avec qui il y a un écart d’âge de 16 ans.


[Akikonomu] = La Prêtresse d’Isé.
            C’est la fille de Rokujo avec un défunt Prince Héritier (234). Du fait de son lignage prestigieux, le père du Genji la traite comme son propre enfant, et exhorte Genji à en faire de même, le prévenant que son renom pourrait être terni s’il a une aventure avec elle. Elle suscite aussi l’intérêt de l’Empereur Suzaku, suite à une discussion sur sa beauté (290). Elle est très timide vis-à-vis du Genji, croyant que même faire entendre sa voix serait inconvenant (394). Suzaku se fait pressant pour l’avoir dans sa Cour, mais le Genji parvient au final à lui obtenir une position très avantageuse, en partie pour payer sa dette envers Rokujo.

Titres et lieux :
- prêtresse d’Isé, puis l’ancienne Prêtresse d’Isé, à la mort de sa mère.
- Devient Épouse Impériale (466).
- devient Impératrice (494) de l’Empereur Reizei, et déménage au Clos au Prunier. Elle ne donnera pas à ce dernier d’héritier cependant, ce dont Genji se désole.
- elle occupe l’aile sud-ouest de la Résidence du Genji à la Sixième Avenue. Son jardin est associé à l’automne (voir tableau). Puis à la mort du Genji, elle revient au Palais (1003)


[Utsusémi] = la « cigale »
            Genji tente de la séduire dans un moment de désœuvrement, dès les livres 2 et 3 du roman. Elle se montre froide avec Genji, le fuyant, bien qu’elle soit troublée et sous le charme de ce dernier, ce que ce dernier associe à un manège, qui l’irrite et excite son désir (116). Lors de leur rencontre, au cours de laquelle Genji s’introduit la nuit dans sa chambre, elle lui échappe et laisse échapper sa robe de soie grège, que Genji retient (105-106). Cette robe laissée derrière elle est comparée à la « mue d’une cigale » dans un poème écrit consécutivement à leur rencontre.

Titres, surnoms, lieux  :
- l’image de la « mue de la cigale » reviendra régulièrement pour la désigner.
- dame du poème de « l’arbre-balai » (415)
- deviendra nonne suite au décès de son mari. Le Genji la rencontre une dernière fois avec émotion (562)

Relations :
- a un frère cadet qui jouera un rôle d’intermédiaire entre elle et Genji.
- épouse du Gouverneur d’Iyo, qui deviendra Gouverneur de Hitachi (415)
- belle-mère du Gouverneur de Ki, devenu Gouverneur de Kawachi, qui, libertin, tente de la séduire et ne la protège pas comme son père lui avait demandé, ce qui l’incite à se faire nonne (418)



[Nobika no Ogi] = Demoiselle de l’Ouest.
             Le Genji la voit jouer avec entrain au Go alors qu’il cherche un moyen de voir Utsusémi. La nuit venue, il la confond avec Utsusémi, mais décide au final de coucher avec elle lorsqu’il se rend compte de son erreur ! Car elle lui cède trop facilement, le Genji se désintéresse rapidement d’elle, la laissant confuse et mélancolique (108).

Titres, surnoms, lieux :
- la demoiselle de l’ouest, en référence à sa position tournée vers l’ouest lorsque le Genji espionne la résidence où vit Utsusémi (102).
- associée au roseau, que le Genji attache à une lettre qu’il lui adresse (181).

Relations :
- elle est la sœur du Gouverneur de Ki, donc la belle-fille d’Utsusémi.
- se marie à un Chambellan Lieutenant plus tard (référence à retrouver).


[Yugao] = Belle-du-soir.
             Elle est au centre du livre 4 auquel elle donne son nom. Elle est toutefois mentionnée dès le livre 2, où elle est l’objet d’un long récit par To no Chujo, dont elle a été la maîtresse pendant 3 ans et avec qui elle a eu une fille. Elle a une nature peureuse et tend à fuir ses problèmes en se cachant, suite aux menaces du Ministre de la Droite (le père de la femme de To no Chujo). Elle feint une certaine insouciance dans ses rapports avec Genji bien qu’elle soit constamment préoccupée. Elle a 19 ans lors de son apparition.

Titres, surnoms, lieux  :
- belle-du-soir, en référence à la fleur blanche qui se trouve sur la palissade de sa demeure, au moment où Genji la rencontre.

Relations :
- père Commandant de la Garde du Troisième Rang.
- a une fille, Tamakazura, avec To no Chujo, alors Commandant Chef du Secrétariat. Elle a 2 ans au moment où Yugao rencontre Genji.
- a une jeune servante fidèle, Ukon, qui était la fille de la nourrice défunte de Yugao, et qui a été prise en amitié par le père de Yugao. (123, 139).

Bien qu’il existe semble-t-il différentes espèces de cette fleur, elle est explicitement décrite comme blanche dans celle du roman.


Murasaki
              C’est la femme favorite de Genji. Il la rencontre pour la première lors d’une retraite qu’il fait dans une montagne, pour apaiser son chagrin dû à la mort d’une de ses maîtresses. Il en tombe amoureux, alors qu’elle n’a que 10 ans, en raison de sa ressemblance troublante avec Fujitsubo (qui elle-même ressemble à la mère du Genji, l’Impératrice Kiritsubo…), cette dernière étant sa tante. Genji l’enlève à son père qui voulait la récupérer, pour l’élever lui-même et la façonner à sa guise pour en faire l’épouse idéale, un peu comme Arnolphe dans L’École des femmes de Molière. Malgré ces circonstances peu reluisantes, Genji finira par éprouver un réel attachement pour Murasaki, la comparant sans cesse, à son avantage, par rapport à ses autres maîtresses, bien que son libertinage fasse souffrir en silence Murasaki (vis-à-vis de la dame d’Akashi et de la Princesse Troisième en particulier). À sa grande tristesse, elle n’aura pas d’enfants et se consolera en partie en élevant les enfants et petits-enfants du Genji. Exprime le désir régulier de se faire nonne du fait de sa crainte constante de déchoir dans l’estime du Genji, de par la vieillesse et par ses maîtresses plus jeunes.

Titres, surnoms, lieux :
- Dame de la Deuxième Avenue, où elle vécut durant son enfance et le début de sa vie adulte avec le Genji, cachée.
- l’une des rares à être appelée par son propre nom, Murasaki.
- la dame de céans.
- associée au jardin de printemps.

Relations :
- son père est le premier Prince Directeur aux Affaires Militaires (qui deviendra Prince Directeur des Rites), qui est le frère de Fujitsubo. Cette dernière est donc sa tante.
- sa mère est morte des tourments infligés par la femme légitime du Prince Directeur aux Affaires Militaires, excessivement jalouse, mais qui exprime toutefois l’envie de recueillir l’enfant. Elle était la fille d’un défunt Grand Conseiller Inspecteur des Marches avec la sœur cadette du Maître des Moines. (153)
- une demi-sœur est la première femme du Général de la Droite.
- une autre devient une Épouse Impériale de l’Empereur Reizei, poussée par son père.
- dame nonne qui l’a élevée.

Le grémil, ou Murasaki, fleur violette.

 La rencontre, ou plutôt Genji espionnant à leur insu (une pratique dont les hommes du roman semblent friands) les femmes, dont la jeune Murasaki, qu’il aperçoit pour la première fois. Son complice Korémitsu est aussi présent, assis (livre 5)


[Suétsumu-hana] = « la fleur dont se cueille la pointe »
            C’est une femme extrêmement timide, gauche, incapable d’écrire des poèmes remarquables et inspirés (contrairement aux autres amantes du Genji) ou d’exceller en un quelconque art, mais surtout très laide. Le Genji la prend pour maîtresse par accident pourrait-on dire, car il est de coutume dans le roman pour les hommes de s’éprendre de femmes qu’ils ont à peine entrevu (les femmes, en particulier celles qui sont nobles, doivent éviter d’être vues par les hommes). La désillusion du Genji lorsqu’il s’en rend compte est assez comique, tout comme le reste de leurs interactions dans la suite du roman, surtout des échanges de lettres et de cadeaux à l’occasion d’événements importants. Son abandon et son oubli (temporaire) par le Genji constituent cependant un moment poignant du roman : le Genji continuera au final de prendre soin d’elle, ayant pitié d’elle bien qu’il ne ressente aucune attraction pour elle.

Titres, surnoms, lieux  :
- « la fleur dont se cueille la pointe », en référence à son nez rouge qui contraste fortement avec le reste de son visage, et que le Genji remarque en particulier par temps neigeux.
- emménagera dans la première résidence du Genji, la résidence de l’est, dont elle occupera l’aile ouest.

Relations :
- elle est la fille noble du défunt Prince de Hitachi : malgré son manque de talents particuliers, elle conservera cependant une certaine fierté de par ses origines aristocratiques.

La carthame, en anglais Safflower, associée à Suétsumu-hana.


[Gen no Niashi] = Régente en Second du Service Intérieur.
            C’est la plus âgée des amantes du Genji, qui a un caractère fort lubrique malgré son âge déjà avancé : elle a autour de 57-58 ans (Genji en a alors 19) lorsqu’elle fait son apparition au livre 7. Elle sera cruellement moquée par le Genji lors d’une rencontre ultérieure au cours d’un défilé. Elle vivra jusqu’à un âge très avancé pour l’époque, réapparaissant au livre 20, ce qui contraste avec tant d’autres personnes de sa génération depuis longtemps décédées (479).

Titres, surnoms, lieux  :
- Régente en Second du Service Intérieur, au service de l’Empereur Kiritsubo.


[Oborozukiyo] = Dame Régente du Service Intérieur.
             Elle aura une aventure avec Genji qui aura des conséquences désastreuses pour ce dernier. Le Genji la rencontre lors d’une nuit d’ivresse, au cours duquel s’ensuit un échange d’éventails (227). Elle est profondément aimée par Suzaku (329), bien qu’elle affiche sa préférence pour l’irrésistible Genji. Elle semble très sensible à la honte, qui la paralyse, la rend muette, et la fait rougir intensément.

Titres, surnoms, lieux  :
- « la dame de la lune de l’aube », qui se réfère aux circonstances de sa rencontre avec Genji.
- devient la nouvelle Dame Régente du Service Intérieur (278)
- elle emménage au Kokiden, jusqu’alors lieu de résidence de l’Impératrice Douairière.

Relations :
- fille préférée du premier Ministre de la Droite, dont elle est la sixième fille.
- sœur cadette de l’Impératrice Douairière.
- concubine de l’Empereur Suzaku, qui est son neveu, tout comme le Genji… Elle n’a semble-t-il pas d’obligations officielles, n’ayant pas le statut d’Épouse Impériale.


[Hanachirusato] = « Fleurs au vent qui se dispersent »
              Le Genji a une aventure avec elle qui n’est pas mentionnée, avant qu’elle ne soit présentée et que Genji la prenne en charge dans sa situation précaire dans le livre 11 auquel elle donne son nom. Elle occupe un rôle très secondaire durant le roman, bien qu’elle fasse néanmoins partie de ses favorites emménageant dans la résidence du Rokujo. Elle se distingue par un caractère bon et qui accepte sereinement sa situation (456). Elle ne semble guère se distinguer par sa beauté, au vu du portrait déplaisant qu’en fait Yugiri (514).

Titres, surnoms, lieux  :
- Demoiselle Troisième.
- « séjour où fleurs au vent se dispersent ».
- la Dame de la haie.
- Habite aile occidentale de la résidence de l’Est, 2e Avenue.
- puis l’aile nord-est de la résidence de la Sixième Avenue. Son jardin est associé à l’été.

Relations :
- c’est la sœur cadette de la Dame du Reikeiden, une Épouse Impériale tombée en disgrâce après la mort de l’Empereur Kiritsubo car elle ne lui a pas donné d’enfants.


[Akashi no Kimi] = la Dame d’Akashi.
             C’est la seconde femme préférée du Genji, dont il fait la connaissance lors de son exil à Suma. Elle est la musicienne la plus accomplie du roman, et c’est par ce moyen principalement qu’elle suscite la curiosité et le désir du Genji. Son caractère est d’une exceptionnelle humilité (elle est initialement effrayée par le rang du Genji, si supérieur au sien), donnant certains passages tendrement ironiques de la part de Murasaki (l’auteure). Elle ne fait aucun impair lors de son déménagement en ville, dans la Résidence de la Sixième Avenue, puis dans le Palais pour accompagner sa fille. Elle fait le choix douloureux mais profitable de laisser l’éducation de sa fille à Murasaki, puis de ne pas venir à la Cour en tant que mère de sa fille, pour ne pas ternir l’image de cette dernière. C’est peut-être mon personnage préféré de tout le roman, à égalité avec Murasaki.

Titres, surnoms, lieux  :
- Akashi se réfère à la région dont son père est le gouverneur.
- dame d’Ôi : référence à sa résidence temporaire, qui appartenait à un aïeul qui fut Prince Directeur aux Affaires du Dedans (433), qui possédait une demeure à Ôigawa, face à la rivière, à l’ombre des pins. Proche d’une résidence du Genji, le Katsura.
- elle emménage dans l’aile nord-ouest de la Résidence nouvelle du Genji. Son jardin est associé à l’hiver.

Relations :
- père : Gouverneur ou Prince d’Akashi, dit « Le Religieux » car il décide de mener une vie à l’écart du monde puis se fera moine. Il est cousin avec la mère du Genji, qui était la fille de son oncle Grand Conseiller Inspecteur Général (337). Il est cependant mentionné bien plus tôt dans le roman, lors du séjour dans les montagnes du Genji dans le livre 5 (147 et 148), où il est dit qu’il élève sa fille avec une grande ambition en tête. Son père était Ministre (355), et il est héritier à la troisième génération de Sa Majesté d’Engi (353). Il se sent en permanence en décalage par rapport au monde mondain, en raison de ses manières qu’il qualifie de « rustiques », paysannes, ce qui le décide à un retrait précoce du monde.
- mère, dite « la dame nonne ». Elle souffre de l’exil volontaire de son mari bien qu’elle ait accepté par amour pour ce dernier. Elle apprécie le Genji pour sa compassion (441-442), et se montre très expansive lors de la naissance de son arrière-petite-fille, espérant la voir grandir (712), bien qu’elle ait à ce moment entre 65-66 ans (770)

- fille avec le Genji : future Impératrice avec le dernier Empereur du roman. Élevée par Murasaki pour lui assurer un plus grand renom, par rapport aux origines plus modestes de sa mère. Elle en tire des manières parfaites qui lui vaudront la plus haute ascension possible, mais aussi un certain orgueil, par ignorance de ses véritables origines. Elle changera cependant en les apprenant et en étant attendrie par l’émotion de sa grand-mère maternelle en particulier, qui se chargera de lui conter des souvenirs qu’elle n’a pas conservés.
Titres, surnoms, lieux  :
- Épouse Impériale.
- Promue Dame de la Chambre (780)
- Impératrice.
Relations :
- fils aîné : le Prince Premier qui est le dernier Prince Héritier du roman (801)
- deuxième fils : le Prince Tiers qui sera un personnage central dans la partie d’Uji du roman, en tant que nouveau Prince Directeur aux Affaires Militaires.


[Tamakazura] = Parure Précieuse.
             La fille longtemps disparue de Yugao et To no Chujo, elle réapparaît, âgée de 20 ans, suite à la mort de son protecteur, et mari de la nourrice qui l’a prise en charge, l’Adjoint au Gouverneur Délégué de Dazaï (524). Conscients de sa noble condition mais aussi de sa fragilité (elle se trouve dans une province aux mœurs davantage rustiques, cible potentielle de partis en inadéquation avec son rang, et sera rapidement l’objet de désir d’un Contrôleur de Cinquième Rang), sa nourrice et son fils Bugo no Suké décident, malgré leurs difficultés, et par dévouement pour elle et aux désirs de l’Adjoint défunt, de l’amener en ville à la recherche de Yugao et/ou de son père (dont ils ignorent cependant l’identité). Par un heureux hasard, elle rencontrera Ukon, désormais au service du Genji, et ce dernier décide de la prendre en charge, avec des intentions toutefois ambivalentes, entre celles d’un père et d’un amant, ce qui la mettra mal à l’aise à de multiples reprises. Objet de bien des attentions, elle finira par épouser le Général de la Droite, dans des conditions rocambolesques. Elle sera ensuite brièvement le centre de l’attention d’un chapitre ultérieur à la mort du Genji, où trouver une position à ses filles lui causera bien des soucis et tourments.

Titres, surnoms, lieux  :
- Tamakasura : Parure précieuse = en référence à un poème du Genji (550)
- elle emménage dans le même quartier que la dame du « séjour où fleurs au vent se dispersent », dans l’aile occidentale (546) => d’où la Dame de l’aile occidentale.
- elle est aussi le centre du livre 25 « Les lucioles », où elle est exposée à leur lumière en présence du frère du Genji (583)
- déménage brièvement au Jôkyôden au Palais : elle sera désirée par l’Empereur Reizei. Et deviendra Dame Régente du Service Intérieur, promue au 3e Rang (677)

Relations :
- fille de Yugao et de To no Chujo, elle passera cependant aux yeux du monde comme la fille du Genji.
- épouse le Général de la Droite [Higekuro], qui a déjà une femme, la sœur aînée de Murasaki.
Titres :
- deviendra un Ministre très puissant.
                Relations :
- frère de l’Épouse Impériale mère du Prince Héritier.
- première épouse : sœur aînée de Murasaki, qu’il juge trop vieille, en proie à des crises de folie, et qui le quittera avec sa fille pour revenir chez son père, enragé par la conduite de Higekuro. Il a de nombreux enfants avec elle, dont une fille aînée, Maki-bashira (le « pilier de cèdre », livre 31). Cette dernière épousera le 2e fils de To no Chujo, [Kobai], Grand Conseiller Inspecteur des Marches, dans la partie d’Uji, homme ambitieux jaloux de Kaoru (1245).
- 2 filles avec Higekuro : l’aînée deviendra une concubine de l’Empereur Retiré Reizei, et l’autre lui succédera au Palais en tant que Dame Régente du Service Intérieur.


[Onna San no Miya] = la Princesse Troisième.
Fille isolée de l’Empereur Suzaku, elle lui est un constant tourment car elle est née d’une mère au lignage faible, qui ne peut lui assurer une protection suffisante en l’absence future de son père. Elle sera ainsi l’obstacle majeur de ce dernier avant son entrée en religion. Il manœuvre de sorte que Genji ne puisse refuser d’en faire une de ses concubines, contre son gré. Cela provoquera la jalousie et détresse de Murasaki, du fait que sa nouvelle rivale possède un rang supérieur à toutes les autres compagnes du Genji. Cependant, elle a un caractère enfantin et imprudent, qui lui fera commettre d’importantes fautes pour une femme de son rang, entre autres être vu par Kashiwagi qui aura des conséquences désastreuses pour la suite du roman.
Elle a 13-14 ans lors son introduction, tardive, dans le roman (723).

Titres, surnoms, lieux :
- Princesse Troisième.
- Princesse de Suzaku-in (746)
- Accède au Deuxième Rang (809)
- se fera nonne suite à sa faute lourde envers le Genji, et sera référée en tant que Princesse Religieuse. Elle déménage au palais de la Troisième Avenue.

Relations :
- mère = Dame au clos des Glycines, au lignage faible.
- a un fils avec le Genji qui sera le personnage principal de la partie d’Uji, Kaoru.
- harcelée par [Kashiwagi], fils aîné de To no Chujo, le Capitaine des Gardes des Portes de la Gauche.
Titres :
- Promu Moyen Conseiller (830) puis Grand Conseiller Surnuméraire (879)
- Associé au « saule » par un poème. (891)
- Kashiwagi signifie « chêne », titre du livre 36.
Relations :
- sa femme est la Princesse Seconde, sœur de la Princesse Troisième d’une autre dame. (830)
- Aussi Princesse de la Première Avenue.
- Emménage aux appartements du nord-est, Sixième Avenue (1003)

2 commentaires:

  1. Mais t'es un GRAND malade!!!!!! :D
    j'ai cru à un article sans fin...
    trop complexe pour moi! et de toute façon je n'aime/n'accroche pas la litt japonaise... à part peut-être Tanizaki avec l'"Eloge de l'ombre"...

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    1. Ah, mais l'intention de l'article n'est pas de tout lire dans le détail, il sert surtout à aider celui qui se lancerait dans la lecture du "Genji" et aurait du mal à suivre l'action, ce dont personnellement j'ai moi-même beaucoup souffert au départ. A plusieurs reprises, je me disais : "Mais qu'est-ce qui se passe bon Dieu, c'est qui qui parle ou qui agit là ?!?"
      Un tel article eût été le bienvenu pour moi, j'ai failli abandonner à plusieurs reprises tellement j'étais perdu dans ce système de titres et de surnoms, c'est dire ! Et il n'y a AUCUNE note pour te guider dans cette édition. Sieffert le traducteur avait promis un livre à part là-dessus, et ne l'a jamais fait !

      Et pourtant tu aurais tort de t'en priver, c'est peut-être le meilleur roman que j'aie lu au final, je pense écrire un autre article sur les raisons pour lesquelles je pense que c'est un si bon roman ! Bon, me connaissant, ça va sûrement prendre un certain temps...

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