Le merveilleux et les multiples intrigues parallèles mélangeant tous les tons font du Songe d’une nuit d’été la pièce la plus riche, chaleureuse et agréable à lire de Shakespeare parmi ses comédies. Malgré ces éléments en apparence disparates, la pièce semble plaider in fine, ou du moins mettre en avant, le mariage comme institution permettant de réguler, d’harmoniser les désordres amoureux, comme le tend à montrer sa conclusion où les fées viennent bénir les trois lits nuptiaux. Cette conclusion résolument heureuse, apaisée, annonçant un bonheur et une harmonie durable pour tous les couples de la pièce, est une singularité peut-être unique parmi toutes les comédies shakespeariennes : en effet, dans la plupart des autres comédies du Barde, les fins sont certes heureuses, avec un ou plusieurs mariages résolvant les divers conflits qui ont eu lieu durant la pièce, mais il est permis de sérieusement douter de la solidité et harmonie des couples mariés : que l’on considère par exemple Le Dressage de la rebelle, où les autres couples, mis à part Katherina et Petruchio, sont semble-t-il mal assortis de par l’égoïsme des femmes refusant par caprice d’obéir à leurs maris, ou les multiples couples de Mesure pour mesure où les mariés (surtout masculins) le sont bien malgré eux.
La pièce donc est au premier abord extrêmement déroutante, puisque pas moins de quatre intrigues parallèles ont lieu et se succèdent dans les premières scènes d’ouverture, dont je trace ci-dessous à grands traits l’intrigue :
1 - le mariage à venir de Theseus (duc d’Athènes) et d’Hippolyta, une Amazone qu’il a conquise de force, avec la visible impatience du premier. C’est cet événement qui néanmoins permet de relier les autres intrigues de la pièce.
2 – l’intrigue autour d’Hermia et Lysandre, qui veulent se marier malgré l’opposition du père de la première, Egeus, qui voudrait la marier à Demetrius. Ce dernier s’est engagé au préalable avec Helena, la sœur de lait d’Hermia, mais il convoite cette dernière et méprise la première, toujours amoureuse de lui. Egeus obtient de Theseus, auprès de qui il plaide sa demande et met en cause la désobéissance de sa fille, un ultimatum qui enjoint à Hermia d’obéir à son père ou de mourir/se faire nonne. Le couple Hermia/Lysandre décide donc de fuir Athènes et se donne rendez-vous le lendemain soir dans les bois.
3 – une troupe d’acteurs amateurs, exerçant des métiers modestes, dirigée par Quince mais dont la figure principale est Nick Bottom, dont l’enthousiasme est débordant, au point qu’il veut jouer tous les rôles ! La pièce, une parodie involontaire de l’histoire tragique de Pyrame et Thisbé, qu’ils préparent se rattache au couple ducal, puisqu’ils doivent la jouer à l’occasion du mariage de ces derniers.
4 – le couple royal féérique, Obéron et Titania, en conflit depuis que cette dernière s’est amourachée d’un petit garçon indien, que le premier voudrait lui arracher. On apprend d’ailleurs qu’ils ont tous deux eu des aventures à droite et à gauche, notamment avec le couple Theseus-Hippolyta. Obéron veut assister au mariage du duc d’Athènes et le bénir, ce qu’il fera avec sa femme et ses fées à la fin de la pièce. Autour du couple royal gravitent de nombreux êtres féériques, dont le plus important est Robin Goodfellow (Puck).
Ceci étant posé, la pièce se focalisera principalement sur l’intrigue autour du quatuor Hermia/Lysandre/Helena/Demetrius : la disharmonie entre eux est surtout le fait de Demetrius, le personnage le plus vil et lâche de la pièce sans doute, qui convoite Hermia et, en faisant appel à Egeus, force le couple Hermia et Lysandre à fuir la sévérité excessive de la loi athénienne. Cette disharmonie est également visible dans le couple féérique Obéron et Titania, et Shakespeare se fait plus explicite sur les dangers qu’un conflit conjugal peut avoir sur le couple mais aussi sur l’ordre cosmique :
Therefore the winds, piping to us in vain,
As in revenge, have suck’d up from the sea
Contagious fogs : which, falling in the land,
Hath every peling river made so proud,
That they have overborne their continents.
The ox hath therefore stretch’d his yoke in vain,
The ploughman lost his sweat, and the green corn
Hath rotted ere his youth attain’d a beard ;
The fold stands empty, in the drowned field,
And crows are fatted with the murrion flock.
The nine-men’s Morris is fill’d up with mud ;
And the quaint mazes, in the wanton gree,
For lack of tread, are undistinguishable.
The human mortals want their winter cheer.
No night is now with hymn or carol blest.
Therefore the moon (the governess of floods),
Pale in her anger, washes all the air,
That rheumatic diseases do abound.
And thorough this distemperature we see
The seasons alter : hoary-headed frosts
Fall in the fresh lap of the crimson rose,
And on old Hiem’s thin and icy crown,
An odorous chaplet of sweet summer buds
Is, as in mock’ry, set. The spring, the summer,
The childing autumn, angry winter, change
Their wonted liveries ; and the mazed world,
By their increase, now knows not which is which.
And this same progeny of evils comes
From our debate, from our dissension :
We are their parents and original. (Queen, Acte II, scène 1, p. 892)
À l’inverse, Theseus et Hippolyta représentent la face harmonieuse du couple, et la transformation positive que l’amour peut induire : Theseus nous l’apprenons a « gagné » sa femme à la guerre, mais il a surtout changé depuis son amour pour Hippolyta : de l’homme guerrier, sans doute violent, qu’il était, il est devenu un homme assagi, décidé à se comporter de manière plus douce à la fois dans son ménage et dans sa manière de régner, à l’image de l’amour courtois moyenâgeux, et ce n’est qu’avec une réticence visible qu’il applique la loi athénienne qui condamnera Hermia si elle persiste dans son refus de se soumettre à la volonté de son père Egeus. Sa bonté, sa compassion se font particulièrement jour lorsqu’il juge avec indulgence la piètre performance des acteurs amateurs à la fin de la pièce :
The kinder we, to give them thanks for nothing.
Our sport shall be to take what they mistake.
And what poor duty cannot do, noble respect
Takes it in might, not merit.
Where I have come, great clerks have purposed
To greet me with premeditated welcomes,
Where I have seen them shiver and look pale,
Make periods in the midst of sentences,
Throttle their practis’d accent in their fears,
And in conclusion dumbly have broke off,
Not paying me a welcome. Trust me, sweet,
Out of this silence, yet, I pick’d a welcome,
And in the modesty of fearful duty,
I read as much as from the rattling tongue
Of saucy and audacious eloquence.
Love, therefore, and tongue-tied simplicity
In least speak most, to my capacity. (Theseus to Hippolyta, Acte V, scène 1, p. 998)
Revenons cependant aux intrigues 2 et 4, qui constituent l’enjeu dramatique de la pièce : le chaos qui règne dans celles-ci va prendre une ampleur supplémentaire par le biais d’Obéron, qui décide d’avoir recours à un suc magique, qui, appliqué aux paupières d’une personne, fera en sorte que cette dernière tombe amoureuse de la première personne qu’elle verra à son réveil. Il l’utilisera sur Titania pour que dans l’intervalle, obnubilée par sa future passion, elle en oublie l’enfant indien, objet de sa jalousie, et le lui cède, permettant alors de restaurer la paix de leur couple. Cependant, par hasard, dans les bois où il règne, il entend la dispute entre Demetrius et Helena, lancés à la poursuite du couple Hermia/Lysandre, et pris de pitié par le traitement très peu galant du premier envers la seconde, il décide d’utiliser le suc magique sur Demetrius également, afin d’adoucir les mœurs du jeune homme, lui dont l’amour pour Hermia l’a fait parjure envers Helena et la fait traiter avec un mépris blessant qui le fait ressembler davantage à une bête brutale. Néanmoins, cette opération décidée par Obéron, pour rétablir l’harmonie perdue entre Demetrius et Helena, tournera mal puisque son serviteur Puck, qu’il a chargé de la besogne, applique le suc magique par mégarde sur Lysandre, Obéron n’ayant décrit que vaguement le jeune homme qu’il voulait rendre victime du charme magique. Il se rattrapera en l’appliquant également à Demetrius, et au lieu de l’harmonie souhaitée par Obéron, c’est un désordre encore plus grand qui naît, au grand désarroi des deux femmes, mais au grand plaisir du lecteur devant la brusquerie, la violence et les expressions hyperboliques des deux amants inconstants, portant aux nues l’une, dédaignant avec mépris l’autre, après avoir fait jusque-là l’inverse, du moins pour Demetrius.
On retrouve ici un motif récurrent chez Shakespeare : l’inconstance masculine et sa brutalité parfois, en particulier Demetrius ici, qui contraste avec le plus grand attachement, la plus grande fidélité féminine, du moins si l’on généralise, ce qui contredit complètement l’interprétation philistine d’un Shakespeare misogyne pour ceux qui le réduiraient à une lecture erronée du Dressage de la rebelle. Au passage, Shakespeare dans son œuvre ne peut se réduire à de simples généralisations, bien qu’on puisse dégager une tendance générale en considérant l’intégralité de ses pièces, lui qui accorde d’abord et avant tout une grande importance à la particularité de chaque individu, et qui s’attache à différencier chaque personnage qu’il a créé : certes les femmes dans les pièces de Shakespeare sont bien plus constantes que les hommes, mais dans la pièce même qui nous intéresse, nous pouvons voir que Titania dément cette généralisation hâtive, elle qui est aussi adultère qu’Obéron dans leur couple, et qui s’est de plus entichée d’un jeune garçon au détriment de son mari, dont elle a quitté le lit conjugal. Theseus lui est un homme devenu plus fidèle, transformé, et Lysandre, contrairement à Demetrius, n’a pas trahi une femme pour convoler, ou du moins convoiter, une autre, et son égarement est dû au suc magique et non à sa personnalité propre.
Revenons cependant sur les quiproquos du quatuor amoureux, source de comique principalement, sans néanmoins une certaine part de gravité. C’est là je le rappelle tout le génie de Shakespeare d’être à la frontière entre le rire et le drame, lui dont les tragédies ne sont jamais vraiment dépourvues de comique (mis à part peut-être Othello) ou dont les comédies ne peuvent être réduites à des farces gratuites, proposant des réflexions stimulantes sur l’homme. Ainsi, ce renversement de situation est extrêmement mal vécu par Helena, qui se voit subitement et irrationnellement l’objet de l’adulation de deux hommes à qui elle ne suscitait il y a peu qu’indifférence, voire haine. À juste raison, elle ne croit guère à la véracité de leur amour, si peu vraisemblable, elle qui venait d’être méprisée, humiliée par Demetrius. Elle est le personnage le plus touchant de la pièce, en ce que son amour envers Demetrius est inconditionnel et total, malgré la violence du mépris de ce dernier (amour se nourrissant même, paradoxalement, de la haine qu’elle suscite), allant même jusqu’à divulguer le projet de fuite du couple Hermia-Lysandre à Demetrius, ne pouvant rien lui cacher qui entre dans son intérêt, bien qu’il aille à l’encontre du sien, pour la seule satisfaction de le suivre et de pouvoir le contempler. Elle a tout à fait conscience du caractère irrationnel de l’amour qu’elle éprouve envers Demetrius, mais s’y résigne, la simple vue de l’être aimé constituant pour elle une consolation bien que leur amour ne soit guère réciproque. Son rapport avec Demetrius, avant qu’il ne tombe amoureux d’elle sous l’effet du suc magique, est brutal mais non teinté d’ironie : en effet, par un renversement des rôles et des conventions amoureuses, c’est elle qui se trouve à poursuivre de ses assiduités Demetrius, qui n’en a que cure et la maltraite de manière inhumaine (allant jusqu’à la menacer d’abus physiques voire de la violer), dispute dont Obéron aura vent par hasard comme je l’ai déjà mentionné plus haut. Enfin, Helena nourrit envers Hermia un complexe d’infériorité : elle la juge en tous points supérieure à elle, en beauté plus particulièrement, et envie sa capacité à séduire les hommes par son seul regard, sans toutefois que cette envie ne tourne à une jalousie et une haine aigries. À l’inverse, elle se croit laide et n’a aucune confiance en ses charmes, ce qui explique pourquoi elle ne croit nullement à l’amour que Lysandre et Demetrius lui portent soudainement sous l’effet du suc magique : elle a en effet raison de penser que leur amour n’est pas authentique, mais se trompe cependant en croyant qu’il s’agit d’une moquerie particulièrement cruelle de leur part, avec Hermia en instigatrice complice.
Call you me fair ? That fair again unsay.
Demetrius loves your fair : O happy fair !
Your eyes are lode-star, and your tongue’s sweet air
More tuneable than lark to shepherd’s ear […]
Sickness is catching. O, were favour so,
Your words I’d catch, fair Hermia, ere I go,
My ear should catch your voice, my eye your eye,
My tongue should catch your tongue’s sweet melody.
Were the world mine, Demetrius being bated,
The rest I’d give to be you translated.
O, teach me how you look, and with what art,
You sway the motion of Demetrius’ heart. (Acte I, scène 1, p. 870)
How happy some o’er other some can be !
Through Athens, I am thought as fair as she.
But what of that ? Demetrius thinks not so :
He will not know what all but he do know.
And as he errs, doting on Hermia’s eyes,
So I, admiring of his qualities.
Things base and vile, holding no quantity,
Love can transpose to form and dignity.
Love looks not with the eyes, but with the mind ; […]
Nor hath love’s mind of any judgment taste :
Wings, and no eyes, figure unheedy haste.
And therefore is love said to be a child :
Because, in choice, he is so oft beguil’d.
As waggish boys, in game, themselves forswear,
So, the boy, Love, is perjur’d everywhere.
For, ere Demetrius look’d on Hermia’s eyne,
He hail’d down oaths that he was only mine.
And when this hail some heat from Hermia felt,
So he dissolv’d, and show’rs of oaths did melt.
I will go tell him of fair Hermia’s flight :
Then, to the wood, will he, tomorrow night,
Pursur her ; and for this intelligence,
If I have thanks, it is a dear expense :
But herein mean I to enrich my pain,
To have his sight thither, and back again. (I, 1, p. 876)
You draw me, you hard-hearted adamant,
But yet you draw no iron. For my heart
Is true as steel. Leave your power to draw,
And I shall have no power to follow you. […]
And even, for that [Demetrius ne l’aimant pas], do I love you the more :
I am your spaniel ; and Demetrius,
The more you beat me, I will fawn on you.
Use me as your spaniel : spurn me, strike me,
Neglect me, lose me ; only give me leave
(Unworthy as I am) to follow you.
What worser place can I beg, in your love
(And yet, a place of high respect with me)
Than to be used as you use your dog ? […]
Your virtue is my privilege : for that
It is not night, when I do see your face.
Therefore, I think, I am not in the night,
Nor doth this wood lack worlds of company.
For you, in my respect, are all the world.
Then, how ca nit be said I am alone,
When all the world is here, to look on me. […]
…the story shall be chang’d :
Apollo flies and Daphne holds the chase ;
The dove pursue the griffin ; the mild hind
Makes speed to catch the tiger… (II, 1, p. 898 et 900)
No, no : I am ugly as a bear,
For beasts that meet me run away for fear.
Therefore no marvel though Demetrius
Do as a monster fly my presence thus.
What wicked and dissembling glass of mine
Made me compare with Hermia’s sphery eyne ? (II, 2, p. 912)
Ce renversement de l’amour des deux hommes, d’abord tous deux amoureux d’Hermia, puis d’Helena, est un retour au motif traditionnel de l’inconstance masculine dans l’œuvre shakespearienne dont j’ai déjà parlé plus haut (voir mon article sur l’inconstance de Roméo dans Roméo et Juliette), mais permet également de différencier le caractère des deux femmes et la manière dont elles vivent respectivement les rebuffades de leur amant : à la résignation mélancolique d’Helena manquant de confiance en sa beauté, Hermia se montre beaucoup plus désespérée, ne comprenant pas que sa beauté ne puisse plus avoir d’effet sur Lysandre, et s’en prenant violemment à Helena dont elle croit, à tort, qu’elle se moque de sa petite taille.
Cette situation rocambolesque est écrite par Shakespeare avec beaucoup d’ironie sur l’inconstance amoureuse, bien qu’une certaine gravité y pointe : les deux femmes sont réellement blessées par ce revirement soudain des deux hommes, mais nous sommes invités à en sourire également, à l’instar de Puck assistant, invisible, à la scène des quatre jeunes amants. De plus, une réelle menace porte sur Hermia, obligée de fuir son père et sa ville natale, et le changement, à ses yeux inexpliqué, de Lysandre à juste titre la plonge dans le désespoir, puisqu’elle a tout abandonné par amour pour lui et se retrouve soudainement délaissée par ce dernier, se retrouvant de facto totalement isolée.
Lysander and myself will fly this place.
Before the time I did Lysander see,
Seem’d Athens as a paradise to me.
O then, what graces in my loves do dwell,
That he hath turn’d a heaven unto a hell ! (I, 1, p. 872)
Néanmoins, l’inquiétude ne sera que de courte durée, et Lysandre « soigné » des effets du suc magique, tandis que Demetrius ne le sera pas, et opèrera donc une transformation miraculeuse pourrait-on dire, lui qui était si brutal et intransigeant au début de la pièce, et ce changement de caractère rendu possible par la magie d’Obéron n’est pas sans faire écho peut-être à Theseus, l’ancien guerrier aux mœurs inconstantes et guerrières adouci par son mariage à venir avec Titania. « Tout est bien qui finit bien » en conclusion de la pièce, de par une intervention féérique qui n’occulte cependant pas le fait que tout eût pu mal tourner sans leur ingérence…
D’un autre côté, l’intrigue principale est entrecoupée par la troupe de théâtre amateur, au centre duquel se distingue Bottom : c’est lui qui, à l’instar d’Helena pour l’intrigue principale, est le cœur de l’intrigue secondaire de la pièce. Il est d’un enthousiasme comique contagieux quant à la préparation de la pièce, puis c’est lui qui par mégarde sera la première créature vue par Titania après qu’Obéron lui a appliqué le suc magique. Elle en tombe ainsi folle amoureuse, ce qui ne déconcerte ni ne ravit véritablement Bottom, qui à l’instar d’Helena, a la sagesse de penser qu’il ne peut guère réellement susciter de passion amoureuse. Malgré sa rusticité de langage, il est étonnamment sage dans certains de ses propos, et particulièrement drôle, que ce soit dans ses directives de metteur en scène (et sa manière de répondre aux différents problèmes de représentation, tels la bienséance et la vraisemblance), ou sa totale placidité face à l’amour que lui voue Titania ou face à la transformation en âne de sa tête par le facétieux Puck. Le comique dans l’arc narratif Bottom est plus libre, plus franc, plus farcesque, et bien que ridicule, l’on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour Bottom, nonobstant son absence de talent sans doute en tant que metteur en scène qui permet à Shakespeare de nous communiquer son amour du théâtre et de parodier avec bonheur les conventions théâtrales.
STARVELING
I believe, we must leave the killing out, when all is onde.
BOTTOM
Not a whit : I have a device to make all well. Write me a prologue, and let the prologue seem to say we will do no harm with our swords, and that Pyramus is not kill’d indeed ; and for the more better assurance, tell them that I, Pyramus, am not Pyramus, but Bottom the weaver : this will put them out of fear. […]
SNOUT
Therefore, another prologue must tell he is not a lion.
BOTTOM
Nay, you must name his name, and half his face must be seen through the lion’s neck, and he himself must speak through, saying thus, or to the same defect : « Ladies », or « Fair ladies », « I would wish you », or « I would request you », or « I would entreat you, not to fear, not to tremble : my life for yours. If you think I come hither as a lion, it were pity of my life. No, I am no such thing : I am a man as other men are » : and there indeed, let him name his name, and tell them plainly he is Snug the joiner. (III, 1, p. 916 et 918)
I have had a most rare vision. I have had a dream, past the wit of man to say what dream it was. Man is but an ass, if he go about to expound this dream. Methought I was – there is no man can tell what. Methought I was, and methough I had -. But man is but a patch’d fool, if he will offer to say what methought I had. The eye of man hath not heard, the ear of man hath not seen, man’s hand is not able to taste, his tongue to conceive, nor his heart to report, what my dream was. I will get Peter Quince to write a ballad of this dream : it shall be call’d Bottom’s Dream, because it hath no bottom. (IV, 2, p. 986)
Ainsi, Le Songe d’une nuit d’été est peut-être
la comédie la plus riche et la plus enthousiasmante à lire de Shakespeare :
l’entremêlement d’un univers féérique avec le monde réel, et ses personnages
qui l’accompagnent (où toutes les couches sociales sont représentées), sa
volonté de tordre, de parodier toutes les conventions théâtrales et littéraires sont autant d'exemples montrant que l’inventivité, l’originalité du Barde y est à son comble.
Il est intéressant de noter qu’elle a été écrite à la même époque que Roméo et Juliette, et de nombreux échos
sont visibles entre les deux pièces, comme le souligne l’essai de Tony Tanner,
et Le Songe d’une nuit d’été peut
être vu comme son pendant positif, avec une réconciliation finale et des
mariages heureux rendus possibles surtout par un monde féérique certes facétieux mais bienveillant.
William Blake, Oberon, Titania and Puck with Fairies Dancing, 1786 |
Arthur Rackham, A Midsummer Night's Dream - Titania, 1908 |
Arthur Rackham, Titania to Bottom : What angel wakes me from my flowery bed?, 1908 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ajouter un commentaire